Les dirigeants kosovars ambitionnent d'entrer à l'Otan, estimant sans doute que l'adhésion à l'Alliance leur donnerait des garanties plus sûres de la survie ce qu'ils considèrent être un État, mais ce ne sera pas simple, les pays membres de l'Otan n'étant pas du tout unanimes sur la question de la transformation de la Force de sécurité du Kosovo" (KSF) en armée régulière, a déclaré à Sputnik Ljuban Karan, lieutenant-colonel à la retraite qui avait servi dans le contre-espionnage yougoslave.
«À l'intérieur même de l'Otan, la résistance monte contre l'arbitraire des États-Unis et du Royaume-Uni qui dictent leurs décisions à tous les membres de l'Alliance. L'adhésion à l'Alliance est effectivement le désir de Pristina, mais il est encore très loin de sa réalisation», s'est dit convaincu l'interlocuteur de l'agence.
Et d'expliquer que l'entrée du Kosovo dans l'Otan était irréalisable sans un accord avec la Serbie et la recherche d'une solution commune. Sans la reconnaissance par la Serbie, la république autoproclamée ne pourra être membre d'aucune organisation internationale.
À la question de savoir si les États-Unis pourraient faire en sorte que le Kosovo soit toutefois admis à l'Otan au mépris du protocole, comme cela a notamment été le cas avec l'Union européenne quand Bruxelles avait signé avec Pristina un accord de stabilisation et d'association et ce, en l'absence de consensus de tous les États-membres, l'expert a répondu:
«Même les Américains ne peuvent ne pas s'apercevoir des problèmes internes qui influent sur la structure de l'Otan. Je ne pense pas qu'ils aient particulièrement intérêt à propulser telle ou telle organisation paramilitaire dans l'Alliance et à risquer ainsi de détériorer leurs relations avec plusieurs membres importants du bloc».
Et de rappeler que lors des protestations des Gilets jaunes à Paris, on entendait non seulement les revendications de la sortie de la France de l'Union européenne, mais aussi de l'Otan.
Les médias rapportent que le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a regretté la décision de Pristina de transformer ses forces de sécurité en armée, en déclarant que l'Alliance allait «réexaminer le niveau de son engagement» au Kosovo. Qui plus est, l'Alliance compte parmi ses membres quatre pays (Espagne, Grèce, Roumanie et Slovaquie) qui n'ont toujours pas reconnu l'indépendance kosovare, proclamée unilatéralement en février 2008.