Ne cherchez plus les têtes de liste aux Européennes: Macron-Verhofstadt Vs Orban-Salvini

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Emmanuel Macron se lance dans la bataille européenne entre «progressistes» et «populistes». Seul problème, il a besoin d’alliance pour contrer l’entente Salvini-Orban. Et ça tombe bien: Guy Verhofstadt, président du parti libéral centriste belge ALDE, vient de lancer un appel appuyé dans ce sens à En Marche!. Recomposition européenne en vue?

Nouveau rebondissement dans la bataille pour les Européennes de 2019! La République en marche (LREM) pourrait s'être trouvé un allié dans la lutte qui s'annonce entre «progressistes» et «populistes», avec en ligne de mire la victoire aux élections de mai prochain.

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L'alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE) a en effet annoncé qu'elle voulait soutenir le parti d'Emmanuel Macron pour créer «un mouvement, une alternative pro-européenne aux nationalistes». C'est en tout cas ce qui ressort d'une interview de Guy Verhofstadt à Ouest France. L'ancien Premier ministre belge, devenu député européen, y explique le besoin de créer un «outil pour arrêter la vague populiste» et estime qu'une alliance ALDE-En Marche est nécessaire pour faire barrage aux «populistes nationalistes».

«Avec Emmanuel Macron, on n'a pas seulement la même analyse, mais plus ou moins les mêmes propositions. Le discours de la Sorbonne est très largement soutenu chez les partis de l'ALDE. On est prêt à créer avec Macron cette alternative», déclare Guy Verhofstadt.

Si l'homme fort du parti libéral de centre-droit au Parlement européen considère qu'il y a urgence à «se présenter ensemble», c'est que dans cette course aux Européennes, les «nationalistes» ont pris un peu d'avance. La réunion «politique et non institutionnelle» entre Matteo Salvini et Viktor Orban a permis aux hommes forts du courant eurosceptique d'affûter leurs couteaux. En vue des élections européennes, ils ont désigné Emmanuel Macron comme leur principal opposant.

Une personnalisation du combat accentuée par la récente réforme du mode de scrutin européen en France: promulguée le 25 juin dernier, elle établit en effet une circonscription électorale unique, accentuant la dimension nationale de l'élection européenne. Loin des enjeux locaux, la campagne va pouvoir se concentrer sur le clivage europhiles-eurosceptiques. Alors qu'il ne possède ni base militante importante, ni grosses ressources financières à l'échelle locale, en Marche! profite de l'exposition médiatique de l'exécutif et de la figure de chef —Président.

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Celui-ci, une fois le premier coup asséné et encaissé —Macron a accepté ce rôle «d'ennemi» des «nationalistes»- devrait organiser sa riposte en deux temps: celui des alliances et celui des clivages.

La première étape a donc commencé avec cette possible alliance entre libéraux européens, annoncée par Guy Verhofstadt autour de l'idée que si «progressistes» et «populistes» ont une même analyse de la «crise européenne», leurs recettes divergent.

Les progressistes, comme l'explique Guy Verhofstadt veulent plus d'Europe, mais surtout une Europe plus dynamique, capable de réagir plus vite face aux difficultés. Ainsi, il se montre très largement en faveur d'une refonte du processus décisionnaire:

«Il faut une refondation européenne, notamment sur la manière de décider. Il faut casser l'unanimité. C'est fini, oui. Il faut une refondation européenne, notamment sur la manière de décider. […] Ce système qui est un brin confédéral, un brin intergouvernemental, un brin requérant l'unanimité, ne peut plus fonctionner. On prend les décisions, mais toujours trop tard. Et les décisions sont toujours trop molles, pas à la hauteur de l'enjeu.»

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Concrètement, le député européen belge explique son raisonnement en prenant pour exemple la crise migratoire, qui découle selon lui du «manque d'Europe». Il se montre en faveur d'un plus grand budget et d'une meilleure gestion des flux, conscient que cela nécessite des moyens que l'Union européenne n'alloue pas à la question:

«On a fait l'erreur, les pro-européens mous ont fait l'erreur, de ne pas se donner les moyens. On parle d'augmenter le budget de Frontex à 240 millions d'euros. Le Homeland Security aux États-Unis, c'est 62 milliards de dollars. L'erreur commence là.»

Quant à la seconde étape, il s'agirait plutôt de dynamiter l'échiquier politique établi au parlement européen. Construite autour de l'immense Parti populaire européen (PPE), l'Union européenne aurait besoin, selon Emmanuel Macron, d'une «clarification idéologique», que le Président français adorerait incarner.

«Je pense que l'Europe gagnerait démocratiquement à une recomposition politique. Je pense qu'il peut y avoir une initiative, probablement elle se fera au moment des Européennes, et sans doute après, et je pense que c'est souhaitable», expliquait Emmanuel Macron le 14 février dernier.

Et pour le Président de la République, cette «recomposition politique» passe nécessairement par une implosion du PPE, où les lignes d'Angela Merkel et de Viktor Orban —pour ne citer qu'eux- cohabitent, alors qu'elles ne sont pas compatibles sur le fond.

«Je ne suis pas persuadé que Berlusconi ou Orban soient la quintessence de la démocratie chrétienne européenne», avait-il taclé, tandis qu'il ajoutait le 6 septembre dernier que l'«on ne peut pas être à la fois du côté de la chancelière Merkel et du Premier ministre Orban, c'est une certitude.»

Une scission au sein du PPE à quelques mois des élections européennes est peu probable, mais créerait un boulevard pour les «progressistes» de LREM, si tant est qu'une refondation politique européenne ne renforce les «populistes». Un pari dangereux pour Emmanuel Macron. Quant à savoir s'il s'avérera payant, il faudra attendre les résultats des élections en mai prochain. 

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