Le rêve européen d'Emmanuel Macron a du plomb dans l'aile! Alors que le Président de la République s'est exprimé le 27 août dernier pour défendre l'Union européenne et en faire l'une des priorités de la diplomatie française, l'Italie et la Hongrie ont douché ses ambitions dès le lendemain.
C'est à la préfecture de Milan, dans le fief lombard du parti de Matteo Salvini, que ce dernier a accueilli le Président hongrois pour une réunion «politique et non institutionnelle». Cette rencontre entre le leader du groupe de Višegrad et le ministre de l'Intérieur italien, actuel homme fort des «populismes» européens, a servi aux deux hommes pour affûter leurs couteaux en vue des élections européennes de 2019.
Migrants: Orban évoque son «héros» Salvini et fait de Macron son ennemi — Le Parisien https://t.co/QCNkAz4hfs via @GoogleNews
— DUBREUIL Danielle (@1JUSTICION) 29 августа 2018 г.
Alors qu'Emmanuel Macron entend faire de ce scrutin une sorte de référendum pour ou contre l'UE, ses adversaires idéologiques ont accepté le défi. Matteo Salvini n'a d'ailleurs jamais caché son ambition de créer une «ligue des ligues» regroupant les partis eurosceptiques de tout le continent sous une seule bannière pour affronter les élections européennes.
«Nous travaillons à la construction d'une nouvelle alliance qui exclut les socialistes et la gauche, et qui donne la priorité aux valeurs que nos formations représentent», a déclaré le ministre de l'Intérieur italien le 28 août dernier.
Un objectif pour lequel il a posé la première pierre avec Viktor Orban. Les deux hommes partagent une analyse d'une Europe scindée en deux avec d'une part les «élites européennes […] pro-immigration» et d'autre part ceux qui militent pour des frontières extérieures étanches.
«Il y a actuellement deux camps en Europe. Macron est à la tête des forces politiques soutenant l'immigration. De l'autre côté, il y a nous, qui voulons arrêter l'immigration illégale», analysait le dirigeant hongrois.
«Changer les traités européens est une priorité de notre gouvernement. Sur l'immigration, nous demandons la collaboration aux pays frontaliers, à commencer par la France. La popularité de Macron est au plus bas, il passe son temps à donner des leçons aux gouvernements étrangers, alors qu'il devrait être le premier à faire preuve de solidarité en rouvrant la frontière à Vintimille.»
Avant cela, le ministre de l'Intérieur avait inclus Macron dans les «élites européennes financées par Soros» en dénonçant le manque d'attention accordée au «droit au travail, à la santé et à la sécurité».
Pour Macron, Orban et Salvini "ont raison" de le voir comme leur "opposant principal". Le Premier ministre hongrois et le ministre italien de l'Intérieur ont désigné hier le président français comme étant "à la tête des forces politiques soutenant l'immigration" en Europe #AFP pic.twitter.com/T1JyTM1mZm
— Agence France-Presse (@afpfr) 29 августа 2018 г.
Ces critiques ont poussé le dirigeant français à répondre depuis Copenhague, où il se trouvait en déplacement:
«Je ne céderai rien sur nos valeurs. […] Je ne céderai rien aux nationalistes et à ceux qui prônent ce discours de haine. S'ils ont voulu voir en ma personne leur opposant principal, ils ont raison.»
Ce à quoi Matteo Salvini a répondu, dans ce qui semble être une bataille personnelle par médias interposés entre le Président de la République française et le ministre de l'Intérieur italien:
«Le premier adversaire de Macron, sondages à l'appui, est le peuple français. Au lieu de donner des leçons aux autres gouvernements, qu'il ouvre ses frontières, à commencer par celle de Vintimille! Et qu'il arrête de déstabiliser la Libye par intérêt économique.»
À neuf mois des élections, la guerre des européennes a d'ores et déjà commencé et son champ de bataille est vaste comme un continent.