Le conflit sanglant entre les séparatistes basques et l'État espagnol, qui s'est poursuivi pendant près de 60 ans, a coûté la vie à plus de 800 personnes, victimes d'attentats de l'ETA. Toutefois, les attaques des séparatistes basques n'ont rien à voir avec les pratiques d'aujourd'hui des groupes djihadistes. Les civils ne constituaient pas la majorité des victimes de cette organisation. Elle a cependant effectué ses crimes contre des cibles dont les catégories ont changé au cours des années.
Police, militaires et hommes politiques
Créée en 1959, durant l'Espagne franquiste, l'ETA a ciblé les représentants de l'État sur fond de conflit linguistique et culturel dans le Pays basque espagnol. En 1961, ses activistes ont tenté de faire dérailler un train transportant des partisans de Franco. Mais cette action n'a pas abouti. Quant à la première victime du groupe séparatiste, c'était le chef de la police de la ville de Saint-Sébastien, Meliton Manzanas, tué en 1961.
Les attaques n'ont pas cessé après la fin du franquisme en Espagne en 1975. De plus, 1980 a été l'année la plus sanglante de toute la période de l'activité terroriste des nationalistes basques, 118 personnes ont été tuées.
Durant les années 1990, les membres du Parti populaire (PP), considéré par l'ETA comme le successeur de la Phalange espagnole de Franco, étaient visés. En 1998, Manuel Zamarreno, conseiller du PP, a été tué dans l'explosion d'une voiture. Cela étant, des socialistes étaient aussi parmi les cibles des nationalistes basques. Au mois de mars 2001, ils ont tiré sur Froilan Elexpe, membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Cette même année, Manuel Gimenez Abad (PP) a été tué à la veille des élections au parlement basque.
Représentants de la société civile
Des hommes de lettres et de sciences figuraient aussi sur la liste des victimes des séparatistes basques. Manuel Broseta, sénateur et professeur des universités de Madrid et Valence, et Francisco Tomás y Valiente, juriste, historien et écrivain, ont péri des mains de combattants de l'ETA en 1992 et 1996 respectivement.
L'organisation commettait des assassinats mais aussi des enlèvements, notamment d'hommes d'affaires, contre rançon, pour se refaire une santé financière.
Civils
Bien que les personnes lambda ne figuraient pas parmi les cibles principales de l'ETA, elles pouvaient en être victimes. En règle générale, les victimes étaient blessées ou tuées lors d'attaques contre des représentants des autorités espagnoles. Néanmoins, il y a eu des attentats dont la majorité des victimes étaient des civils.
Le 30 décembre 2006, neuf mois après que l'ETA a annoncé un cessez-le-feu permanent, l'explosion sur le parking de l'aéroport Adolfo-Suárez de Madrid-Barajas a coûté la vie à deux ressortissants équatoriens. L'organisation n'a revendiqué la responsabilité de cet attentat qu'en 2007.
La fin progressive de l'utilisation de la violence par l'ETA, le passage de certains de ses membres dans la lutte politique légale et finalement la dissolution de ce groupe sont des signes d'une normalisation de la question basque. Néanmoins, les vies de centaines de victimes de l'ETA resteront un triste héritage de cette page de l'Histoire.