Le chemin de la Catalogne vers l'indépendance est semé d'embûches, alors que la Russie, les États-Unis et l'Union européenne sont unanimes à estimer qu'il s'agit d'une question intérieure de l'Espagne. Tout porte cependant à croire que Bruxelles et Washington devront s'y ingérer, Madrid étant déterminé à s'en tenir fermement à sa position, a estimé Srecko Djukic dans un entretien accordé à Sputnik.
«Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy est dans une situation très difficile. Si Madrid se met à faire preuve de souplesse envers les Catalans, cela peut les conforter sur leur voie de l'indépendance. D'autre part, la rhétorique intransigeante de Madrid peut radicaliser encore plus les protestations et les revendications de Barcelone. Il est difficile de s'imaginer des violences au cœur de l'Europe, mais lors du référendum, il y a toutefois eu une effusion de sang», a admis l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler que Madrid avait rejeté la possibilité d'une autonomie élargie, proposée autrefois par Belgrade pour le Kosovo, et avait adopté une ligne ferme qu'il lui serait difficile de tenir jusqu'au bout.
«À présent, la Catalogne n'est pas la seule région à problème. Chaque pays renferme le germe de kosovisation. [Le Président croate, ndlr] Franjo Tudjman qui était partisan du séparatisme disait autrefois que le monde devrait être divisé en 400 à 500 États, et que ce serait optimal. Ce qui se produit maintenant est une courte pause avant la kosovisation ultérieure de l'Europe. Ce processus a commencé et il sera très difficile de l'arrêter», a souligné M.Djukic.
Ce dernier l'explique par les désaccords qui règnent actuellement dans les relations internationales, différents typiques de l'époque du monde bipolaire.
«Il n'y a pas de consensus nécessaire pour élaborer une nouvelle conception de sécurité internationale et d'autant plus européenne», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Mardi soir, le leader catalan Carles Puigdemont a prononcé un discours que certains espéraient être la proclamation d'indépendance de la région. L'homme politique a effectivement fait le bilan du retentissant référendum du 1er octobre, tout en appelant à repousser l'indépendance de quelques semaines, «le temps de commencer le dialogue avec Madrid pour trouver une décision de concert».