Entre-temps, le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy a exigé des excuses de la part du mouvement : l'ETA doit « annoncer sa dissolution totale, présenter ses excuses aux victimes et disparaître », est-il dit dans un communiqué.
Selon le chercheur à l'IRIS sur les questions ibériques Jean-Jacques Kourliandsky, le désarmement total ne constitue pas vraiment une date historique après plus de 40 ans de violences et plus de 800 morts.
« C'est presque un non-événement en Espagne », explique-t-il. « Il y a dix ans, le terrorisme apparaissait comme la préoccupation numéro un. Aujourd'hui, pour les Espagnols et les Basques, c'est le chômage, puis la corruption. Et quand il est question de terrorisme, c'est au terrorisme islamiste que pensent les Espagnols depuis l'attentat de Madrid de 2004 qui a fait près de 200 morts. »
Le mouvement a annoncé son désarmement dans une lettre publiée jeudi soir par la chaîne BBC (en anglais). Pourquoi ce choix d'un média anglophone et international, est-ce un moyen de donner une ultime résonnance à ce combat perdu ?
« Oui, c'est-à-dire que l'ETA, a toujours attaché beaucoup d'importance au combat des nationalistes irlandais. Il y a toujours eu beaucoup de lien avec l'IRA et les partis nationalistes irlandais », poursuit l'expert, ajoutant que l'IRA a joué un rôle en faisant passer des messages selon lesquels il serait temps pour l'ETA d'arrêter la lutte armée.
« Evidemment, en essayant de faire considérer comme une fête ou un évènement important cette remise d'armes, l'ETA, ou ce qu'il en reste, essaie d'obtenir quelque reconnaissance sociale, pour l'action qu'elle a mené depuis 60 ans. »
Par conséquent, si l'ETA se trouve dans cette situation, c'est qu'elle n'a plus d'échos dans la société espagnole et basque et elle constitue plutôt un obstacle à l'épanouissement des idées indépendantistes : elle est aussi sous la pression de ceux qui partagent ces idées mais pas méthodes, d'après M. Kourliandsky.
Tandis que tous les mouvements violents (Pays Basque, Corse, Ireland, etc.) en Europe se sont éteint, est-ce là un symbole de changement d'époque ?
« Le monde a changé, il s'est globalisé, mondialisé. Les États nationaux n'ont plus la force, la puissance et l'universalité qui était la leur. En Espagne, la dictature a disparu […], les données de la bataille politique ne sont plus les mêmes et les idées que défendent les partis sous régionaux ou nationaux peuvent s'exprimer d'une autre façon que par la voix des armes, avec de fortes chances de permettre au peuple qu'ils prétendent représenter d'obtenir des compensations économiques, financières, culturelles, qui évitent de passer par le traumatisme d'affrontements militarisés », résume l'expert.
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