Maroc: contre-attaque sunnite et complot sahraoui, «les faux débats» du Salon du Livre

© AFP 2024 Abdelhak SennaSalon du livre de Casablanca
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Au Salon du livre de Casablanca, les polémiques sont peu littéraires, entre un ouvrage qui présenterait une carte tronquée du Maroc, un supposé prosélytisme chiite et une surabondance de livres s’en prenant à l’Iran. De «faux débats» fustigés par des intellectuels présents à ce salon qui se voudrait plus culturel que politico-religieux.

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La polémique au sujet de la présence de livres présentant une carte du Maroc privé de sa partie méridionale, ne serait qu'un «faux débat», estiment des participants au Salon international de l'Édition et du Livre (SIEL) à Casablanca, qui s'est clôt dimanche 18 février.

Il en est de même de la polémique, régulière, autour de la présence de livres propageant le chiisme. Cette année, alors que le Golfe subit de plein fouet les conséquences d'un antagonisme sunnite-chiite, c'est une véritable «contre-attaque» sunnite avec des publications hostiles à l'Iran qui ont littéralement envahi les stands, en l'absence de toute maison d'édition iranienne.

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«C'est absolument un faux débat, récurrent par ailleurs, encouragé par des milieux salafistes qui font souvent pression sur le gouvernement pour censurer tout ce qui est lié à l'Iran, qui est pour eux une véritable obsession», a déclaré à Sputnik Smaïl Mehnana, philosophe et universitaire algérien, qui a participé au Salon du livre de Casablanca.

Quelques jours après l'ouverture du Salon, le 8 février dernier, la couverture d'un livre présentant une carte du Maroc sans le Sahara occidental, a créé un tollé dans les médias et les réseaux sociaux.

​La rumeur a été aussitôt démentie par les autorités marocaines, après avoir passé au crible les quelque 125.000 livres présentés au Salon, sans trouver la moindre trace de la publication en question. Quoi de plus normal, puisqu'une commission de contrôle avait déjà «travaillé pendant trois mois durant lesquels elle a procédé au retrait de certains livres qui allaient être exposés au SIEL», rappelle un communiqué officiel.

​Pour Mehnana, qui n'en est pas à sa première participation au SIEL marocain, les rendez-vous littéraires maghrébins ont des défis bien plus importants à relever. Il s'agit, par exemple, de passer du statut de «grande boutique de livres», à celui de «Salon», selon les normes internationales.

«C'est vrai que cette édition a vu la participation d'un grand nombre de maisons d'édition du monde arabe. Par contre, on a vu moins de participants d'autres parties du monde. Par ailleurs, peu d'activités culturelles sont venues rythmer cette manifestation. Au final, c'était juste un événement pour vendre des livres», résume Mehnana.

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Pour cet intellectuel algérien, la notion de salon international implique l'exposition et le partage de nouvelles technologies d'impression et de distribution, des échanges d'expertises, l'organisation de panels… «Choses qu'on ne trouve pas ici, pas plus que dans les autres pays du Maghreb», regrette-t-il.

Si les prix étaient plus raisonnables que lors de la dernière édition, reconnaît Mehnana, il convient, tout de même, de travailler davantage à la réduction des charges et taxations grevant la publication des livres. Et même s'il y a eu, lors de cette édition,

«Beaucoup de visiteurs, c'est davantage l'effet d'une curiosité sociale suscitée par un événement médiatisé, plutôt que dans une démarche de curiosité intellectuelle», conclut l'universitaire algérien.

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Pour l'écrivain marocain Ayoub Mouzaine, les polémiques relatives à «l'invasion chiite», en allusion à des maisons d'édition libanaises supposées propager subrepticement le chiisme, ou celles relatives aux «bévues» présentant la carte du Maroc tronquée du Sahara occidental, «n'enlèvent rien à l'importance du SIEL de Casablanca, qui demeure un rendez-vous incontournable que l'on doit encourager et faire évoluer pour qu'il devienne un véritable moteur du marché de l'édition et de la distribution dans un Maroc qui a accumulé un certain retard en la matière, pour des raisons historiques et politiques».

«Aujourd'hui, la promotion de la culture du livre au Maroc n'a pas besoin de polémiques autour de la censure ou de la propagande. Ces polémiques sont, il me semble, secondaires et même futiles parce qu'elles ne servent pas la conscience esthétique ou de la connaissance ni l'esprit critique qui est la vocation même des œuvres littéraires et philosophiques. Au contraire, elles peuvent causer une révulsion chez le jeune public qui a bien marqué sa présence lors de cette édition et dont les doléances se sont recentrées autour de problématiques concrètes: le prix jugé excessif de certains livres en provenance de l'Europe ou de l'Orient», conclut Mouzaine dans une déclaration à Sputnik.

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