Quelle suite au vote de l'Onu?
Avant le vote, le chef d'État avait annoncé «Toutes ces nations qui prennent notre argent, et qui ensuite votent contre nous […]. Ils prennent des centaines de millions de dollars, et même des milliards, et ils votent contre nous. Nous regarderons ces votes, laissez les voter contre nous. Nous ferons des économies. On s'en moque».
Nikki Haley, à son tour, avait prévenu qu'elle noterait les noms des pays votants contre les États-Unis. Selon elle, le vote de l'AGNU n'influencera pas la décision de Washington sur Jérusalem. Elle a rappelé aux États membres des Nations unies les contributions généreuses de son pays à l'organisation et a déclaré que Washington attendait que sa volonté soit respectée en retour. Elle a également noté que le vote sera «retenu» par les États-Unis et «fera une différence sur la façon dont les Américains regardent l'Onu».
En effet, le communiqué final du sommet des pays islamiques organisé à Ankara, auquel ont pris part 48 États, a demandé à la communauté internationale de reconnaître Jérusalem-Est comme capitale occupée de l'État palestinien, tout en appelant Washington à annuler sa décision car:
«elle signifie la fin du rôle de médiateur des États-Unis dans les négociations de paix du Proche-Orient».
Avec la même fermeté, le dirigeant palestinien, Mahmoud Abbas, aurait clairement affirmé lors de sa dernière rencontre avec les autorités saoudiennes:
«Si les États-Unis sont prêts à déclarer que le processus de paix est basé sur la solution à deux États sur les frontières de 1967, y compris Jérusalem-Est, nous sommes prêts à nous engager immédiatement, mais s'ils veulent nous entraîner vers la version israélienne de la paix, nous ne pouvons pas le faire».
Le conseiller politique de Mahmoud Abbas, Majdi Khaldi, est allé dans le même sens et a déclaré le 12 décembre au journal Le Figaro:
«Par cette décision, les Américains se sont disqualifiés et ont perdu toute légitimité à jouer un rôle de médiateur dans le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens».
Et de continuer, le responsable palestinien laisse entendre que si les Américains s'entêtent à vouloir mener jusqu'au bout leur entreprise, d'autres puissances prendront, sans difficulté aucune, leur place:
«cette situation crée, de notre point de vue, une grande opportunité pour établir de nouveaux mécanismes internationaux. Ceux-ci devront intégrer l'Europe ainsi que des forces comme la Russie, la Chine et d'autres pays…».
La Maison-Blanche avait annoncé, de toute façon, son intention de réduire l'aide étrangère, destinée aux alliés. Le Président a une latitude juridique importante pour le faire. Cependant, la question est de savoir si Washington sera prêt à perdre définitivement des partenaires stratégiques, tels que l'Égypte, la Jordanie, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, qui ont tous voté pour la résolution, et qui sont de ce fait sur la liste des nations à punir?
Comme la nature a horreur du vide, si Washington laisse sa place et son influence dans la région du Moyen-Orient, chose qui semble encore loin de la réalité, vu la richesse de cette région, permettra-t-il que d'autres puissances comme la Russie, la Chine et l'Europe prenne sa place malgré tous les soutiens qu'il pourrait avoir dans les prochains jours?
Par quelles forces le Moyen-Orient serait réorganisé?
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.