Emmanuel Macron veut redonner à la diplomatie française son importance au Moyen-Orient en s'attaquant au dossier syrien. Critique envers la politique menée sous François Hollande, il a exposé, lors de son interview du 17 décembre sur France 2, les fondements de sa stratégie en Syrie.
Inutile de dire que ce double discours ne convainc pas Damas et a peu de chances d'avoir un écho auprès de ses alliés russe et iranien.
Le Président de la République, affirmant l'enlisement des discussions censées mener à une sortie de crise politique, a évoqué la volonté de Paris de structurer le dialogue entre le régime syrien et la totalité de l'opposition. S'il est vrai que le groupe de Genève piétine depuis son lancement, les pourparlers d'Astana, regroupant le gouvernement syrien, l'opposition, ainsi que la Russie, l'Iran et la Turquie, ont permis de réelles avancées. Un processus d'Astana auquel ses parrains associent de plus en plus l'ONU, histoire de renforcer sa légitimité. Un contexte qui fait douter de la pertinence de l'initiative de M. Macron.
Dès le 18 décembre, ce dernier a vivement écarté l'hypothèse d'une médiation française, arguant que la France avait été «le fer-de-lance du soutien au terrorisme» en Syrie et que, son rôle «n'ayant pas fondamentalement changé», elle n'était pas compétente pour servir de médiateur.
Lorsqu'il évoque l'avenir de la Syrie, le Président français estime que l'idéal serait de voir apparaître un modèle proche du Liban, qu'il décrit comme le seul «modèle religieux pluraliste réussi» de la région. Pourtant, l'Histoire moderne de la «Suisse du Moyen-Orient» a été pour le moins agitée, même si l'on ne prend en considération que ses seuls facteurs internes. Il est, dans ce contexte, intéressant de se demander comment le développement et la reconstruction du pays seraient possibles à court terme si Bachar el-Assad venait à quitter le pouvoir.