La certitude du dirigeant français s'explique facilement: «nous avons été cohérents depuis le début», précise-t-il, à l'issue d'un rendez-vous avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. Pour lui, «tous les autres ont des ambiguïtés» et leur priorité est de «frapper les opposants» au gouvernement d'Assad.
Voici un bref aperçu de la «cohérence» et de la «non-ambiguïté» des démarches de la coalition dirigée par les États-Unis, dans une longue quête de son véritable ennemi.
Le départ d'Assad, oui ou non?
En mars 2017, le départ d'Assad a été supprimé de la liste des priorités des États-Unis sous la présidence de Donald Trump. Selon le secrétaire d'État américain Rex Tillerson, «le sort du Président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien». Après son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a revu la ligne de Paris sur le dossier syrien, écartant lui aussi le départ d'Assad, la condition nécessaire pour le règlement syrien de son prédécesseur, au second plan.
En juillet, le chef d'État a confirmé en fait l'incohérence de la politique française affirmant que «Nous avons en effet changé la doctrine française à l'égard de la Syrie». Ce quelque cinq mois avant de se féliciter, dernièrement, pour la cohérence de la lutte anti-terroriste. En outre, le Président rappelle de nouveau que «le peuple syrien a un ennemi, il s'appelle Bachar. C'est une réalité».
Opposition de la discorde
Dans la liste des groupes de l'opposition syrienne fournie par Washington, deux se sont avérés se battre aux côtés de Daech et huit aux côtés du Front al-Nosra, rebaptisé Fatah al-Cham, avait annoncé Anatoli Antonov, vice-ministre russe de la Défense à l'époque. Ainsi, les États-Unis ne parviennent toujours pas à faire le distinguo entre l'opposition qu'ils soutiennent et les extrémistes, tout en poursuivant pourtant leur campagne militaire. Et le Front al-Nosra, groupe terroriste qui ne veut ni la paix en Syrie ni rendre les armes, semble être alimenté par des radicaux de l'opposition armée.
Bilan de l'opération
Ce alors que le nombre total des raids aériens de la coalition en Syrie, en un mois, est «inférieur au nombre des frappes russes contre Daech par jour», d'après le ministère russe de la Défense.
En trois ans, les États-Unis et leurs alliés ont réalisé 28.198 raids aériens en Syrie, selon les données de l'Operation Inherent Resolve pour le 30 novembre 2017. La Russie quant à elle, qui est entrée dans le jeu en septembre 2015, comme la France, a porté plus de 92.000 frappes aériennes lors d'environ 30.000 sorties.
CJTF-OIR Monthly Civilian Casualty Reporthttps://t.co/fTBmCIDGEv
— Inherent Resolve (@CJTFOIR) 30 ноября 2017 г.
«Plus de 67.000 kilomètres carrés du territoire syrien, près d'une millier de localités et 78 gisements de pétrole et de gaz ont été libérés», selon Sergueï Sourovikine, commandant des Forces aériennes russes.
Plans du règlement: quelles parties à la table des négociations?
En novembre 2016, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle, a affirmé ne pas être naïf sur Bachar el-Assad et par conséquent ne proposait pas «de trouver une solution avec lui», bien qu'actuellement il invite les représentants de ce dernier à la table des négociations:
«Si nous voulons construire un processus de paix qui conduira à la stabilité, nous nous devons de mettre les parties autour de la table et construire une transition», explique-t-il. «C'est un processus où les représentants de Bachar el-Assad seront là car il est aujourd'hui à la tête du pays […] mais il est indispensable que l'ensemble des oppositions soient présentes et que nous ayons un processus politique et électoral qui permette à l'ensemble des Syriens de pouvoir s'exprimer.»
Dans ce contexte, qu'en est-il de la Russie qui vient de retirer ses troupes du territoire syrien, ayant accompli sa mission? À en juger par les propos d'Emmanuel Macron, il se montre plutôt intéressé par ce type de coopération.
«Aujourd'hui, il y a une puissance, la Russie, qui s'est inscrite de façon déterminante dans la situation syrienne. La France ne peut pas laisser dans un dialogue singulier les États-Unis et la Russie, qui sont par ailleurs profondément opposés, décider du sort de la Syrie», avait-il mis en valeur en 2016.
«Dans l'environnement actuel, en particulier au Moyen-Orient, c'est une nécessité de travailler ensemble, d'échanger les informations, de partager nos désaccords et d'essayer d'y concevoir des solutions», a déclaré M.Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée avec Donald Trump, en déplacement en France.
La cohérence n'est donc observée ni au niveau des paroles, ni des chiffres, ni des actions des membres de la coalition. La seule tendance cohérente à traquer se cache-t-elle plutôt dans leurs incohérences?
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