«Il semblerait que le gouvernement pousse un peu plus loin l'inféodation de la France à cette Union européenne-là. Et donc d'abandonner un peu plus nos symboles nationaux au profit des symboles européens.»
Djordje Kuzmanovic, porte-parole de la France Insoumise sur les questions internationales et de défense, expose sa position sur la résolution votée ce 27 novembre par l'Assemblée nationale, qui invite le gouvernement à promouvoir les symboles européens. Il interprète cette proposition comme un nouveau pas vers une perte de souveraineté de la France aux dépens de l'Union européenne.
«Emmanuel Macron […] a fait une campagne pro-européenne, […] il a fait des discours assez clairs [Athènes puis Sorbonne] sur ses intentions quant à la construction européenne et en quoi l'Union européenne devait être refondée, en tout cas modifiée, pour qu'elle puisse représenter l'idéal qu'elle est pour la plupart des jeunes.»
Pour le spécialiste de la politique européenne, la nouvelle majorité présidentielle a permis de clarifier les positions des députés sur la question européenne:
«Il y avait à la fois des souverainistes chez les Républicains et dans le PS. Et c'est pour cette raison que pendant très longtemps, il n'y a pas eu de pédagogie, il n'y a pas eu d'information sur l'intégration européenne.»
Si François Lafond se félicite de cet effort pédagogique, Djordje Kuzmanovic considère pour sa part, cette mise en avant dévoile la volonté politique du gouvernement:
«[La laïcité, nldr] n'est pas le problème principal, même si le drapeau européen tel qu'il est, est un symbole marial. Mais le principal problème est qu'il est l'incarnation de ces politiques-là, qui passent par-dessus les peuples. Il est l'incarnation de cet ordo-libéralisme et c'est en cela surtout que le drapeau européen est récusé.»
«L'étape suivante pour le gouvernement sera de continuer, par tous les moyens, que cela soit concrètement, comme la loi travail, ou par des symboles, de promouvoir l'UE supranationale. Et donc les décisions prises par Bruxelles, plutôt que de défendre la souveraineté nationale et populaire.»
François Lafond estime pour sa part, que dans une Europe à 27, susceptible de s'élargir encore «notamment aux Balkans»,
«Les symboles sont utiles pour que les gens se rendent compte de ce dont on est en train de parler et qu'il puisse y avoir des éléments d'identification. […] Cette intégration existe et cela serait de la folie de revenir en arrière. Donc ce qu'a voulu faire la majorité actuelle, c'est de bien rappeler quels sont des symboles.»
Si ceux-ci peuvent paraître innocents aux yeux des profanes, ils sont néanmoins lourds de sens. En effet, François Lafond voit en la célébration de la fête de l'Europe une référence au 9 mai 1950, le jour de la publication du texte fondateur de l'union entre pays européens, rédigé par Robert Schuman. Djordje Kuzmanovic considère, lui, qu'il s'agit d'un rappel à la victoire sur le nazisme:
«La date n'est pas innocente, c'est le 9 mai, or le 9 mai est la date officielle de la signature finale de la capitulation du IIIe Reich, une autre date aurait pu être choisie. Le 9 mai 1945, c'est la victoire de tous les alliés contre l'Allemagne nazie et ce jour-là a été choisi pour promouvoir l'Europe. Cela devrait être plutôt un jour de commémoration de la victoire de la barbarie nazie.»
«Ce qui a été proposé hier par le gouvernement est en contradiction avec l'article II de la Constitution, qui rappelle que l'emblème de la France est le drapeau tricolore, que son hymne est la Marseillaise et que la devise de la République est Liberté, Égalité, Fraternité. Donc ce n'est pas le drapeau européen ni l'Ode à la Joie.»