Macron réussit l’exploit de réunir tous les syndicats contre lui

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Appel à la grève et cortèges communs, les centrales syndicales affichent un front commun face à la réforme du Code du travail. Ce premier mouvement unitaire depuis dix ans traduit selon les syndicats l’angoisse des Français face aux projets de réformes sociales voulues par Emmanuel Macron. L’unité tiendra-t-elle la distance?

10 ans! 10 ans que l'ensemble des syndicats n'avaient lancé un appel unitaire à la grève. Les neuf centrales (CGT, FO, CFDT, CFTC, UNSA, FSU, FA-FP, CFE-CGC et Solidaires) ont en effet appelé tous les fonctionnaires à débrayer le 10 octobre pour manifester leur mécontentement. Une grève suivie de manifestations dans toute la France, selon la CGT se sont 400.000 personnes qui sont descendues dans les rues, et qui se déroulent à Paris dans un contexte très tendu où des heurts ont éclatés en marge des défilés.

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Souvent en désaccord par le passé, les syndicats semblent avoir réussi à créer l'unanimité contre les projets d'Emmanuel Macron, comme nous l'explique Adrien Quatennens, député de la France insoumise.

«Cette mobilisation est un franchissement de seuil, Emmanuel Macron pensait passer inaperçu avec son coup de force social, il a réussi à faire l'alliance des syndicats qui depuis 10 ans n'avaient pas manifesté ensemble donc c'est historique.»

Une exaspération que confirme, Christian Grolier, secrétaire général de l'UIAFP-FO:

«Le mécontentement a réussi à fédérer à travers l'ensemble des agents publics l'ensemble des organisations syndicales, même celles qui sont réputées être les plus réformistes ou les moins virulentes.»

«Elles se rendent bien compte que, dans les services, la situation est tellement dégradée tant en termes de conditions de travail et évidemment de pouvoir d'achat, que cela ne peut pas durer.», complète le syndicaliste, soutenu par sa consoeur Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-fonction publique:

«Si nous nous sommes joints avec l'ensemble des autres organisations syndicales de la fonction publique à cette mobilisation, c'est parce que depuis semaines et des semaines, notre proximité avec les agents fait que nous avons constaté le malaise grandissant et leur souhait de pouvoir exprimer leurs attentes et aussi leur mécontentement par rapport au gouvernement.»

Cependant, avec cette dégradation de la situation des fonctionnaires dénoncée unanimement par les syndicats, pourquoi les organisations ont-elles attendu si longtemps avant de s'unir? Pour Luc Farré, secrétaire de l'UNSA-Fonction publique, la réponse est très simple:

«Pour qu'il y ait convergence des revendications, il faut que les organisations syndicales de la fonction publique soient d'accord sur les revendications et les mots d'ordre. Ce qui fait l'unité aujourd'hui, c'est le gouvernement, qui par ses annonces répétées et qui sont des annonces plutôt négatives sur la fonction publique, a réussi à faire l'unanimité des organisations syndicales.»

Aujourd'hui, l'ensemble des syndicats se retrouvent autour de thèmes tels que la défense du pouvoir d'achat (gel du point d'indice pour 2018), le statut général des fonctionnaires (décorrélation de la valeur du point d'indice suivant les versants de la Fonction publique), la dégradation des conditions de travail (120.000 suppressions de postes sur le quinquennat) et enfin la stigmatisation des fonctionnaires (réinstauration du jour de carence).

Ce sont autant de points qui cristallisent les débats. Malgré tout, dans leur lutte, les syndicats peuvent compter sur le soutien de personnalités politiques comme Pierre Laurent, sénateur et président du Parti de la gauche européenne. 

«Les fonctionnaires qui sont en lutte aujourd'hui défendent l'intérêt général, donc c'est extrêmement important d'être avec eux, surtout dans un contexte où les protestations sociales montent dans le secteur public, mais aussi dans le secteur privé, dans l'industrie, chez les retraités, chez les étudiants, dans tous les secteurs où la population qui prend conscience de la violence de la politique gouvernementale.»

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Néanmoins, en déclarant que «la démocratie ne se fait pas dans la rue», Emmanuel Macron semble déterminé à ne pas céder à la pression syndicale. Si d'aventure, le mouvement devait se poursuivre, l'unité syndicale pourrait-elle perdurer? Pour l'instant, les syndicats préfèrent attendre le résultat de la mobilisation du jour et agiront en conséquence, comme le souligne Luc Farré:

«Nous déciderons organisation par organisation en fonction à la fois des éléments de cette semaine et de la semaine prochaine (ndlr: rendez-vous "salarial" avec le ministre Gérald Darmanin). Nous verrons quels seront les moyens les plus appropriés pour obtenir ce que nous souhaitons.»

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