Les pilotes des forces aérospatiales sont l'élite de l'armée russe. Chacun d'eux a une valeur inestimable. Fruits d'une sélection rigoureuse, dotés d'immenses connaissances, leur formation coûte des millions de dollars, selon la chaîne Zvezda. Plongée dans l'univers des pilotes russes.
Des millions pour un pilote
Le coût de la formation d'un pilote dépend de plusieurs facteurs tels que le montant d'une heure de vol des avions d'entraînement, des simulateurs ou encore leur système informatique. Mais il n'a jamais été bas. Les dernières informations officielles remontent à 2009.
Aux USA, une formation à la chaîne
Le système russe de formation des pilotes est unique est se distingue foncièrement du système américain. Les écoles de pilotage russes ont réussi à conserver le meilleur de l'époque soviétique, quand on ne lésinait pas sur l'argent ni sur le temps pour préparer les pilotes.
Aux États-Unis, l'approche de la formation des pilotes est propre au pragmatisme américain. La préparation de pilotage commence dès les premiers mois de formation, les élèves pilotent différents types d'avion. Les écoles de pilotage américaines sont comme une chaîne, dont de nombreux élèves quittent les rangs dans les premiers mois, ne supportant pas la pression. Les diplômés des écoles américaines ont un niveau licence. D'ailleurs, certains pilotes qui arrivent à la NASA après leur service dans l'armée de l'air doivent poursuivre leurs études afin d'obtenir un diplôme d'études supérieures comme il est exigé des candidats astronautes.
Le vieil Albatros
Le principal avion de formation initiale est actuellement le L-39C Albatros, qui a été conçu pour remplacer l'avion d'entraînement Aero L-29 Delfin à la fin des années 1960 et était fabriqué en République tchèque jusqu'au début des années 2000. C'est un appareil fiable qui a fait ses preuves, même s'il n'est pas dépourvu de certains défauts. Dans les années 1990 déjà, il était évident que tôt ou tard il faudrait lui trouver un remplaçant. C'est à cette époque qu'ont commencé les travaux de développement d'un nouveau modèle de formation des pilotes sur deux appareils: Yak-152 et Yak-130.
Deux Yak pour l'armée de l'air
Ces deux appareils font partie du même programme de formation des pilotes mis au point par la compagnie Irkout. Le Yak-152 est un avion de formation initiale et de sélection professionnelle des pilotes à l'étape précoce de la formation. Il inclut un simulateur de procédures, une salle informatique de formation et des dispositifs de contrôle objectif. Sur cet appareil, les aspirants se familiarisent avec les techniques de base de pilotage, les fondements de la navigation et les vols groupés. Le champ d'information et de contrôle de la cabine est unifié avec l'avion Yak-130.
La Russie promeut activement et avec succès cet appareil sur les marchés étrangers. Cet avion est en service dans cinq pays, plusieurs autres étudient la possibilité d'en acquérir. Dans les centres de formation russes, les élèves s'installent sur les Yak-130 à l'étape avancée de leur formation. Au total, le parc de l'armée de l'air comprend 81 Yak-130, et le Yak-152 est en phase d'essais.
Une aide, pas un remplacement
Contrairement à l'avis répandu, les simulateurs ne remplacent pas les heures de vol pour l'entraînement des pilotes. Aujourd'hui, les élèves des écoles accumulent près de 300 heures de vol, ce qui est comparable à l'époque soviétique. Le simulateur est un dispositif auxiliaire qui permet d'amener jusqu'à l'automatisme certaines aptitudes de pilotage, tout en étant intégré dans les complexes Yak-152 et Yak-130 et ayant été conçu en collaboration avec le bureau d'étude Yakovlev.
Les simulateurs de vol existaient déjà pour les aspirants en URSS, mais ils étaient analogiques. Il s'agissait d'une maquette qui permettait aux élèves de se familiariser avec la cabine, de travailler les aptitudes de vol avec les instruments et sans visibilité. Aujourd'hui il s'agit de dispositifs d'un tout autre niveau.
Hormis les simulateurs avec des maquettes de cabine, il existe également des salles informatiques avec programmes de simulation de vol et des commandes. Mais cela ne ressemble à un simple simulateur aérien qu'à première vue: il permet de piloter l'avion durant des exercices pratiques avec des dizaines d'élèves à la fois sous le contrôle d'un instructeur. Cela accélère et réduit considérablement le coût de la formation.
Quant à la préparation des aspirants aux surcharges, les écoles de pilotage ne disposent pas d'appareils spéciaux tels que les centrifugeuses du centre de formation des cosmonautes. Lors de l'examen médical, les élèves suivent des essais dans une chambre à dépression pour vérifier leur aptitude au vol, le fonctionnement de leur système cardio-vasculaire et de leur cerveau.
Les femmes pilotes
Parmi les nouveautés les plus marquantes cette année on retiendra la première admission de l'histoire de jeunes femmes à l'école militaire supérieure de pilotes de Krasnodar. 16 jeunes femmes ont été sélectionnées sur plus de 200 candidates et ont prêté serment le 30 septembre. Selon Viktor Bondarev, alors commandant de l'armée de l'air russe, ces jeunes femmes pourront devenir à terme des pilotes de l'aviation militaire. De plus, le ministère de la Défense n'exclut pas que parmi les aspirantes de l'école d'aviation de Krasnodar se déroule une sélection pour rejoindre les rangs des cosmonautes. D'après le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, cette décision a été prise après un grand nombre de requêtes.
«Compte tenu du grand nombre de demandes envoyées à l'armée de l'air, nous ne pouvions pas ne pas réagir, c'est pourquoi à partir du 1er octobre de cette année le premier groupe de jeunes femmes entamera une formation de pilote militaire. J'espère que dans cinq ans elles embelliront la fête par leur maîtrise», a noté le ministre en évoquant le festival d'aviation à l'occasion du 105e anniversaire des forces aérospatiales au parc Patriote.
Cette décision s'explique également par l'augmentation du nombre de femmes dans les forces armées du monde entier, et notamment dans l'armée de l'air. Par exemple, les femmes représentent près de 10% du personnel de l'armée de l'air britannique, et elles sont également présentes dans les forces aériennes américaines. L'histoire connaît de nombreux exemples de femmes pilotes ayant montré d'excellents résultats lors des activités militaires. Ce fut le cas notamment des pilotes de la Grande Guerre patriotique Marina Raskova, Evguenia Roudneva, Ekaterina Boudanova et Ekaterina Zelenko dont les exploits sont inscrits dans l'histoire de l'armée russe. Selon Sergueï Choïgou, l'exemple de l'école de Krasnodar pourrait être suivi par d'autres écoles militaires.
Le «talent céleste»
Bien sur, les avions de combat modernes sont des appareils très complexes où la plupart des fonctions des pilotes sont remplies par l'électronique, mais le facteur humain reste tout aussi important qu'à l'époque de la Seconde Guerre mondiale. Comme avant, le pilote ne doit pas avoir seulement des connaissances, mais également un talent. Mais comment choisir, parmi des centaines de milliers de jeunes gens, des pilotes talentueux? Pour cela l'URSS avait mis en place un système en plusieurs étapes.
A l'heure actuelle, l'État entreprend des démarches pour rétablir ce système Ainsi, en 2016, le premier ministre Dmitri Medvedev a approuvé l'idée d'une renaissance de la DOSAAF selon les principes de l'époque soviétique. Il a été annoncé au même moment que la DOSAAF comptait créer 18 centres d'éducation militaire et patriotique d'ici 2020 à travers le pays. De plus, le mouvement militaire et patriotique Unarmia a été créé en 2015, qui compte à ce jour plus de 160.000 membres.
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