Il n'est pas exclu que Washington puisse frapper Ankara de sanctions similaires à celles infligées à la Russie, a déclaré à Sputnik Cansu Çamlıbel, représentante du journal turc Hürriyet dans la capitale américaine.
«Lors de mes contacts avec les Américains, je m'aperçois que l'achat de S-400 les inquiète réellement. Cette question les préoccupe au premier chef», a poursuivi l'interlocutrice de l'agence, commentant la crise actuelle des relations américano-turques.
Selon cette dernière, les États-Unis peuvent décréter contre la Turquie qui a décidé d'acheter à la Russie des systèmes de défense antimissile des sanctions similaires aux mesures restrictives antirusses.
«Nous savons que cette question est discrètement débattue dans les couloirs du Congrès américain», a indiqué Mme Çamlıbel.
Elle rappelle qu'en signe de protestation contre l'arrestation d'un employé turc du consulat américain à Istanbul, les États-Unis ont suspendu la délivrance des visas en Turquie, mais souligne que cette démarche de Washington ne s'explique cependant pas uniquement par l'arrestation de Metin Topuz.
«Après la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016, dans leurs déclarations, les milieux gouvernementaux turcs ont donné clairement à entendre que les États-Unis se tenaient derrière le putsch avorté. Cela a sérieusement préoccupé Washington, l'arrestation d'un employé du consulat n'est qu'un prétexte», a expliqué la journaliste.
Et d'ajouter que le contrat conclu par Ankara avec Moscou sur l'achat de systèmes de défense antiaérienne et antimissile mobiles russes S-400 aurait pu précipiter la décision de Washington de suspendre la délivrance de visas aux citoyens turcs.
L'employé turc du consulat américain à Istanbul, Metin Topuz, a été inculpé le 4 octobre dernier par la justice turque d'«espionnage» et d'appartenance au mouvement «terroriste» de Fethullah Gülen, imam exilé aux États-Unis et décrit par les autorités turques comme le cerveau de la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016.
La Turquie, deuxième armée de l'Otan, a signé avec la Russie un accord en vue du premier achat majeur d'armes russes. Il s'agit d'un contrat qui prévoit la fourniture de quatre batteries de S-400 pour un montant compris entre 2 milliards et 2,5 milliards d'euros, une acquisition qui trouble les partenaires occidentaux d'Ankara.