«La France est prête, si les autorités irakiennes le souhaitent, à contribuer activement à la médiation enclenchée par l'Onu», a déclaré le Président français Emmanuel Macron à M. al-Abadi à l'issue d'un entretien ce jeudi à l'Élysée.
Alors que Daesh perd du terrain en Irak, la situation se tend du côté des Kurdes, qui sont dans les premiers rangs dans la lutte contre les terroristes de l'État Islamique. Le référendum organisé le 25 septembre dernier où 92,7 % des électeurs votèrent en faveur de l'indépendance, a entraîné une grave crise entre Bagdad et la région kurde, et crispé pendant un temps les relations Bagdad-Paris. Le chef de l'État appelle au respect des droits des Kurdes, qui doivent être "reconnus dans le cadre de la Constitution" irakienne.
Si Emmanuel Macron n'a jamais apporté un appui explicite à la cause kurde, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères également présent ce jeudi, avait qualifié en septembre ce vote d'«initiative inopportune». Les États-Unis avaient décidé de ne pas reconnaître ce référendum «unilatéral».
Les positions française, américaine, des membres de la coalition et des Nations Unies seraient d'essayer «par tous les moyens, non pas de contre carrer l'évolution politique des Kurdes mais de faire en sorte que cette annonce d'indépendance reste de pure forme», sans froisser les Peshmergas avec qui Paris entretien des «relations d'amitiés», comme l'a déclaré Emmanuel Macron, et qui sont en première ligne face à Daesh. On est «très largement dans le discours de forme», analyse Myriam Benraad, également auteure de «L'État islamique pris aux mots», soulignant la position d'équilibriste de Paris face à Bagdad et Erbil.
Emmanuel Macron s'est félicité «que pour l'heure, le calme et la retenue aient prévalu»: mais des tensions plus vives, à l'avenir, ne sont pas à exclure, estime Myriam Benraad. C'est le cas notamment du territoire disputé de Kirkuk, «capitale naturelle» du Kurdistan irakien au yeux nationalistes, et emblème des dissensions intra-kurdes: «On a une carte, une stratégie kurde elle-même très divisée. […] A Kirkuk, on a aussi la présence du PKK, de miliciens chiites… Derrière ce bras de fer entre Erbil et Bagdad, on a d'autres acteurs.»