La «politique arabe» de France doit tenir compte de la réalité actuelle

© AFP 2024 Farouk BaticheAlgérie
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Dans son rapport intitulé «Nouveau monde arabe, nouvelle "politique arabe" pour la France», l'Institut Montaigne constate la perte d'influence de la France en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Olivier Hanne, chercheur à l'Université d'Aix Marseille, a commenté pour Sputnik certains passages de ce document.

«Que doit-on faire avec l'Islam en France?» est une question qui a déjà été soulevée par l'Institut Montaigne il y a plus d'un an et qui débouche aujourd'hui sur une large réflexion, a déclaré à Sputnik l'islamologue français Olivier Hanne.

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«Je ne pense pas que l'Institut Montaigne travaille directement sous contrôle de l'Elysée, mais ce document fait partie d'une ambiance générale politique et intellectuelle en France où on veut regarder la situation avec le terrorisme avec réalisme et objectivité. Point positif — on ne se met plus des œillères comme de temps de Hollande, mais point critiquable — on veut absolument trouver les solutions pratiques et efficaces», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.

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Et d'ajouter que c'était là une des caractéristiques du libéralisme de l'actuel Président de la République.

«La France doit mettre des moyens au service de son ambition régionale qui, dans sa relation avec le Maghreb, est aussi une politique nationale tant les liens avec l'Afrique du Nord sont importants», a souligné M.Hanne.

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Il a déploré la baisse continue depuis vingt ans des budgets de coopération, du budget de l'action diplomatique, du budget de la Défense en la matière, alors que ceux des voisins européens de la France, notamment l'Allemagne, augmentaient considérablement.

«Cela ne peut que contribuer à limiter la capacité d'action française comme son influence économique et politique dans la région», a prévenu l'expert.

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Selon ce dernier, le rapport porte un éclairage particulier sur le monde arabe, mais défend le point de vue selon lequel la France a une histoire avec le Maghreb et qu'il faut capitaliser sur cette histoire, retisser les liens culturels et diplomatiques avec le Maghreb.

«Cette analyse est agréable, mais elle a un défaut majeur: pour faire le dialogue il faut qu'on soit à deux. Or, si le dialogue avec le Maroc se passe bien, avec la Tunisie connait les hauts et les bas, mais l'Algérie ne veut absolument pas discuter avec la France», a constaté l'islamologue.

Par ailleurs, M.Hanne signale que la France n'a plus de moyens de faire cavaler seule et est obligée d'analyser tout d'une façon globale.


«La preuve en est que la France est incapable d'aider le Liban à supporter le million des refugiés que le pays accueille», a-t-il relevé à titre d'explication.

L'interlocuteur de Sputnik a rappelé l'initiative de Nicolas Sarkozy pour le Moyen-Orient, notamment l'Union pour la Méditerranée, mais l'Allemagne avait saboté le projet qui n'avait débouché sur rien.

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«On est capable d'avoir des bonnes idées, mais on n'a pas le leadership européen comme le dit d'Institut Montaigne. La grande crainte dans la présence allemande est qu'en septembre prochain elle pourrait valider le referendum du Kurdistan irakien», a indiqué l'expert, ajoutant que dans sa politique dans cette région, «l'Allemagne est presque nuisible».

Par ailleurs, l'interlocuteur de Sputnik rappelle que le rapport souligne le rôle important de la Russie dans la lutte contre l'islamisme et la politique cohérente de Moscou.

« Quel que soit le jugement que l'on choisisse de porter sur la stratégie russe dans la région, il faut constater que cette politique repose sur plusieurs idées claires. Elle est constante: la Russie s'appuie sur des partenariats inscrits dans le temps long, comme avec le régime syrien et les chrétiens d'Orient orthodoxes, et affirme qu'elle n'abandonne pas ses alliés (en montrant bien la différence entre elle et les États-Unis qui ont abandonné leur meilleur allié dans la région, Hosni Moubarak, en trois jours début 2011)», a-t-il résumé.

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