Analyse, neuf ans après le bombardement de Tskhinval, l'ancienne présidente du parlement géorgien Nino Bourjanadze. Selon elle, les actions entreprises récemment par Saakachvili en Ukraine étaient similaires à celles qu'il avait engagées à Tbilissi. Car effectivement, ni lui ni son entourage n'avaient été sanctionnés pour la tragédie d'août. Selon RT.
L'ancienne présidente du parlement géorgien, Nino Bourjanadze, évoque pour RT les événements d'août 2008, les perspectives des relations russo-géorgiennes, les raisons de la popularité du parti de Saakachvili en Géorgie et ses ambitions présidentielles.
- C'est aujourd'hui le 9e anniversaire du début de la guerre en Ossétie du Sud. D'après vous, comment cette guerre, cette tragédie, est-elle perçue aujourd'hui?
— Avant tout je voudrais vous remercier pour l'opportunité d'en parler et d'exprimer mon avis concernant la situation réelle en Géorgie. En 2008 déjà, j'étais consciente de la gravité des éventuelles conséquences des événements en Ossétie du Sud et de cette guerre tragique pour la Géorgie. Malheureusement, à l'époque, tout le monde ne le comprenait pas. Nous nous souvenons comment la victoire a été célébrée. Et même aujourd'hui certains Géorgiens comprennent mal la réalité et vivent d'illusions.
Mais je vois qu'avec les années qui passent, la situation relative à l'intégrité territoriale et au règlement du conflit ne fait qu'empirer.
Hélas, la Géorgie n'a pas profité de ces années pour trouver des solutions. Au contraire, certains politiciens ferment les yeux sur les vrais problèmes. La tragédie de 2008 a pourtant engendré de très graves problèmes en Géorgie, qui empêchent de dessiner un avenir meilleur pour notre pays.
- Selon vous, les médias géorgiens couvrent-ils ces événements de manière objective et équilibrée?
— Non. Pas du tout. C'est peut-être un peu mieux aujourd'hui qu'à l'époque où le Mouvement national uni de Mikhaïl Saakachvili était au pouvoir. Mais je n'ai pas vu pour autant, dans les médias, d'investigations objectives ni même de tentatives de présenter la situation sous différents angles.
Quand j'ai dit que Saakachvili avait déclenché la guerre et qu'il était le premier responsable de ces événements tragiques, tous les journalistes m'ont proclamée ennemie de la Géorgie.
Et jusqu'à présent (en dépit des conclusions de la commission de l'UE chargée de l'enquête, des déclarations de sa présidente Heidi Tagliavini et de la compréhension générale de ce qui s'est réellement passé) il n'est pas aisé de dire que c'est Saakachvili qui a commencé la guerre. Personne ne souhaite en parler ni attirer l'attention sur ce point.
- Et qu'en est-il des médias occidentaux? Leurs reportages permettent-ils de dresser une image objective des événements de 2008? Peut-on dire qu'en Occident, on en parle de manière plus honnête?
— Non. Le fait est que l'autre partie concernée est la Fédération de Russie, et la tendance mondiale actuelle est d'accuser Moscou de tous les maux — de ce qu'il a fait ou n'a pas fait. Malheureusement, sur fond de nombreuses actions extrêmement provocantes du côté de Saakachvili, la Russie en a profité et en 2008 l'intervention russe a eu lieu. Des bases militaires russes ont refait leur apparition en Géorgie — en Ossétie du Sud et en Abkhazie. Et même aujourd'hui, en pleine Géorgie, se déroule un processus de «frontiérisation», et c'est très douloureux. Mais personne ne souhaite présenter la situation sous différents angles, comprendre en quoi consistait l'erreur du gouvernement géorgien et comment la Russie a profité des décisions inintelligentes et tragiques de Saakachvili.
- D'après le rapport de la diplomate suisse Heidi Tagliavini, Mikhaïl Saakachvili (alors président de la Géorgie) a déclenché le conflit en bombardant Tskhinval avec des armes interdites contre la population civile, y compris des bombes à sous-munitions. Pourquoi ne s'est-il pas retrouvé sur le banc des accusés?
— Je pense que c'était une décision politique du gouvernement géorgien. Non seulement de lui, mais également de certaines forces en Occident, notamment aux États-Unis, qui soutenaient probablement Saakachvili pendant ses actions en 2008.
De plus, j'ai parfois l'impression que, malgré la position officielle des hauts responsables américains, des forces puissantes étaient présentes qui, en 2008, ont probablement forcé ou poussé Saakachvili à déclencher la guerre. Vous vous souvenez, on était en pleine période préélectorale aux États-Unis, et il était bénéfique pour certaines forces agressives aux USA de jouer la carte antirusse.
D'autre part, en 2012, quand le mouvement Rêve géorgien est arrivé au pouvoir, j'espérais vraiment qu'une enquête serait ouverte non seulement sur les événements de 2008, mais également sur d'autres crimes du président Saakachvili et de son équipe, qu'ils seraient traduits en justice. Cela aurait pu grandement aider en ce qui concerne les relations entre les Géorgiens et les Ossètes.
Mais j'ai constaté que personne ne voulait rétablir la justice et ouvrir les dossiers qui auraient montré ce que Saakachvili avait réellement fait pendant sa présidence.
Cela pourrait s'expliquer par une certaine pression des États-Unis. Mais je suis certaine qu'une véritable enquête sérieuse offrirait la possibilité — même au Rêve géorgien — de tout montrer aux représentants occidentaux et de dire: «Il ne faut pas défendre un homme qui commet de tels crimes».
- Une question sur l'éventuel retour de Saakachvili. Il a été récemment privé de sa citoyenneté ukrainienne. Pourquoi, d'après vous, est-il si rapidement tombé en disgrâce?
— Pour les autorités ukrainiennes, Mikhaïl Saakachvili est une figure très gênante: le pays connaît effectivement d'importants problèmes et la corruption prospère, or il est très soutenu par l'opposition. Je pense que les autorités ukrainiennes ont vu en lui une menace. Il se pourrait qu'il suive des directives d'autres personnes, car, j'en suis sûre, on lui a imparti un certain rôle pour réaliser un certain programme en Ukraine. Son activité dans ce pays rappelle beaucoup ce qu'il faisait auparavant en Géorgie. Une fois de plus, il est possible qu'il soit manipulé par différentes forces occidentales qui veulent jouer la carte antirusse sur la scène internationale en se servant de l'Ukraine.
- Pensez-vous que les alliés de Saakachvili pendant la guerre en Ossétie devraient également assumer la responsabilité des faits qui se sont déroulés?
— Après les événements de 2008, aucun de ces individus n'a été sanctionné car telle était la ligne générale. Et personne n'a payé pour le déclenchement de la guerre, pour l'absence d'évacuation adéquate, pour avoir fait quitter la vallée de Kodori à l'armée sans un seul coup de feu, et bien d'autres choses. Aucune enquête n'a été menée sur cette affaire. Ainsi, aucun représentant de l'élite politique géorgienne n'a assumé la responsabilité des événements de 2008.
- Le parti Rêve géorgien, en arrivant au pouvoir, disait vouloir normaliser les relations avec la Russie. Y a-t-il du progrès en ce sens?
— Non. Il n'y a pas de progrès significatif. Il n'y a eu que des pourparlers sur la communication aérienne, le rétablissement des livraisons de vin géorgien et de différents produits agricoles. Mais ce n'est pas le plus important. L'essentiel est de mener un vrai dialogue politique sérieux.
Je rappelle que le président Poutine a laissé entendre à trois reprises qu'il était prêt à rencontrer les hauts dirigeants géorgiens — le président ou le premier ministre. Mais la réponse de notre président était navrante: «Je dois d'abord consulter mes collègues occidentaux, puis je déciderai de rencontrer Poutine ou non.» C'est une tragédie pour le pays: la Géorgie perd son indépendance.
- Ainsi, deux régions de la Géorgie construisent leurs propres États indépendants depuis neuf ans, voire plus. Comment entamer le règlement de cette situation? Comment réduire la tension ou, pour reprendre votre expression, parvenir à la réunification?
— Avant tout, je voudrais souligner que les Géorgiens et les Abkhazes, les Géorgiens et les Ossètes, vivaient dans l'entente pendant des siècles. En même temps, il faut se rappeler que les événements tragiques en Abkhazie et en Ossétie du Sud ont laissé dans la mémoire des gens une trace très douloureuse. Mais nous devons entamer le dialogue, rétablir les liens qui ont existé pendant des siècles et convaincre ceux qui vivent sur ces territoires qu'il est bien plus sûr et commode pour eux de faire partie intégrante de la Géorgie que d'être séparés du reste du pays. Ils doivent recevoir la garantie immuable qu'à terme, personne ne répétera ce qu'a commis Saakachvili et que les événements du début des années 1990 ne se reproduiront pas. C'est très important. Je ne suis pas naïve et je comprends que ce n'est pas simple et prendra du temps. Mais je suis persuadée que c'est possible si nous entamons un dialogue direct avec les Abkhazes et les Ossètes et, d'autre part, trouvons un moyen de normaliser les relations avec la Russie.
Le fait est que le gouvernement géorgien perd du temps. Le temps travaille contre les Géorgiens. Nous ne profitons pas de la possibilité de mener un dialogue direct avec la Russie, et cela ne fait que compliquer la voie vers la réunification du pays. Voilà le problème.
- Y a-t-il la moindre probabilité que la Géorgie reconnaisse l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud?
— Non. Pas pour moi. Je ne reconnaîtrai jamais l'indépendance de l'Abkhazie et de ce qu'on appelle l'Ossétie du Sud. Je pense que si un politicien géorgien décidait de le faire, il quitterait très rapidement son poste. En dépit de tous les problèmes et difficultés auxquels est confrontée la société géorgienne, bien que certains soient très fatigués des problèmes dans le secteur économique et social, en regardant plus en profondeur il est clair que la question du statut de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, la question de réunification du pays, est très importante pour tous les habitants de la Géorgie.
- Peu de temps avant le début des activités militaires vous avez démissionné et temporairement suspendu votre carrière politique. C'est arrivé juste avant le début du conflit. Pourquoi?
— Parce que j'ai compris que Saakachvili menait le pays dans la mauvaise direction. Après la crise de 2007 et sa réélection, Saakachvili m'avait promis de changer de ligne aussi bien en politique nationale qu'en politique étrangère, qu'il serait attaché aux valeurs démocratiques — car précédemment il avait largement bafoué les normes démocratiques de notre pays. Il m'avait promis de changer sa position par rapport à la Russie et les régions en conflit pour entamer les négociations. Mais je me souviens très bien d'avril 2008, quand nous étions au seuil d'une guerre en Abkhazie. J'ai vu ce que faisait Saakachvili et son entourage, les conseils que l'on donnait au président, et j'ai compris que, malheureusement, je ne disposerai d'aucun mécanisme permettant d'éviter les sérieux problèmes auxquels le pays allait être confronté à terme. Et, évidemment, j'ai dit à Saakachvili que s'il ne tenait pas ses promesses je partirais, car je ne voulais pas participer à ça, à des actions qui risquaient de conduire mon pays complètement dans la mauvaise direction, tout droit vers de très graves problèmes. C'est pourquoi j'ai décidé de partir.
- Puis vous êtes revenue en politique en fondant le parti Mouvement démocratique — Géorgie Unie. Qu'est-ce qui vous a poussée à revenir?
— La guerre, seulement la guerre. Avant le conflit j'avais fermement décidé de ne plus participer à la vie politique de la Géorgie pendant au moins quelques années. Je voulais voir la situation de l'extérieur pour mieux la comprendre.
J'ai des engagements envers les futures générations: je dois entreprendre quelque chose pour changer la situation et sauver le pays.
- Aux dernières élections, votre parti n'a pas réussi à entrer au parlement alors que le Mouvement national uni de Mikhaïl Saakachvili a obtenu presque un tiers des sièges. Pourquoi les idées et les convictions de l'ancien président et de son parti restent-elles encore populaires auprès de la population?
— Malheureusement, oui, elles restent populaires auprès d'une certaine partie de la population. Pendant sa présidence de neuf ans, Saakachvili a utilisé habilement les médias et la télévision pour influencer l'opinion publique et l'avis des gens. Une vaste campagne de propagande était menée à cette période. Sa popularité (il est probablement question du parti et non de Saakachvili en personne — RT) s'élève tout au plus à 15%, mais il a été soutenu de manière bien plus large — plus de 20%. Pour deux raisons. Premièrement, Ivanichvili a de nouveau présenté la figure de Saakachvili et de son parti comme étant la principale force d'opposition. Deuxièmement, il y a eu, évidemment, de sérieuses infractions pendant les élections.
Vous pouvez facilement en trouver la confirmation dans la conclusion du BIDDH sur le déroulement des élections indiquant clairement que le décompte des bulletins s'est déroulé avec certaines infractions ou avec des infractions très graves.
- Vous êtes l'une des figures politiques les plus connues en Géorgie. La présidentielle approche. Vous savez, le chauffeur de taxi qui m'a amené ici de l'aéroport a dit qu'il voterait pour vous si vous vous présentiez. Il est un grand admirateur. Vous présenterez-vous à la présidence?
— Oui, je compte avancer ma candidature. Mais une fois de plus tout dépend des actions du Rêve géorgien, qui change les normes législatives. Ses membres voulaient effectivement modifier la loi de manière à faire de la Géorgie une république parlementaire à part entière. Ils voulaient que le prochain président ne soit pas élu au suffrage universel direct, mais soit nommé par le parlement.
En clair: ils prendront quelqu'un et en feront un président — ils placeront simplement un homme dans le fauteuil présidentiel. Et cet homme sera Bidzina Ivanichvili — et rien ne changera. Cependant, j'espère que l'opposition sera suffisamment forte pour empêcher le parti Rêve géorgien d'apporter de tels amendements à la Constitution. Parce que cela signifierait la fin de la Géorgie en tant qu'État: nous nous transformerions en une sorte de compagnie sous la direction d'Ivanichvili. Cette perspective est absolument inadmissible. Quoi qu'il en soit je suis prête. Je continuerai de me battre pour une vie politique active dans le pays. Je participerai à la présidentielle quand elle aura lieu. Puis suivront les législatives auxquelles notre parti participera. Car malgré l'assez grand choc que nous avons subi après les récentes législatives, notre parti fut la seule force d'opposition à être restée unie.
Le lendemain de l'annonce des résultats des législatives, nous avons poursuivi notre lutte pour la justice et n'avons pas cessé nos efforts pour faire entendre notre voix. Malheureusement, sur ce point, nous étions seuls. D'autant que le système judiciaire en Géorgie est si injuste qu'il était impossible d'obtenir quoi que ce soit.
- Que voudriez-vous changer dans le pays — quel est votre programme? Nous connaissons votre agenda en politique étrangère. Mais que pouvez-vous dire de vos projets concernant la politique nationale? Que voulez-vous proposer au peuple géorgien?
— Vous savez, c'est la politique étrangère qui est prioritaire pour moi.
La première chose que je ferai serait d'essayer de rencontrer le président Poutine pour instaurer un dialogue direct très sérieux avec la Russie.
Bien sûr, l'une de mes premières actions serait également de rencontrer les représentants de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Cela ne signifie pas que j'ai l'intention de reconnaître leur indépendance, mais nous essaierons de trouver un moyen d'initier les négociations. En ce qui concerne la politique nationale, il y a indéniablement beaucoup de choses à changer. Premièrement, je suis absolument convaincue que pour le développement du pays il est important de rétablir un fonctionnement normal du système judiciaire. Pourquoi? Non pas parce que j'en veux à Saakachvili ou pour punir quelqu'un, non. Mais parce que dans un pays démocratique le principe de primauté du droit ne doit pas être une coquille vide.
Si le président est coupable d'un fait, alors il doit recevoir la sentence appropriée. Si un citoyen ordinaire a violé la loi, il doit également être sanctionné.
Tout le monde doit être égal devant la loi. Une fois pour toutes en Géorgie sera établi un ordre où tout le monde saura qu'en étant élu président ou président du parlement, il sera impossible de sortir du cadre de l'admissible sans être sanctionné. Rapidement, cela changera complètement la situation en Géorgie: on obtiendra enfin des résultats positifs dans la lutte contre la corruption. Et on notera un progrès dans bien d'autres secteurs de la vie. Bien sûr, l'une des priorités de nos efforts sera l'amélioration de la situation économique et sociale dans le pays. Je voudrais que les conditions de vie soient favorables en Géorgie, que le pays puisse garantir à ses citoyens une sécurité sociale élémentaire. Nous ne voulons pas dépendre entièrement de l'aide de l'Occident, c'est pourquoi nous devons améliorer significativement la situation économique et le climat d'investissement en Géorgie. Nous sommes disposés à renforcer foncièrement l'économie et l'agriculture géorgiennes, ainsi qu'à donner aux gens davantage de possibilités pour trouver un emploi car le taux de chômage est vraiment très élevé chez nous.
- La Géorgie peut-elle devenir un acteur indépendant sur la scène internationale?
— Vous savez, ma position vis-à-vis de moi-même, de mon parti et de la Géorgie dans l'ensemble est que notre pays ne doit être ni pro-occidental ni pro-russe. La Géorgie doit être pro-géorgienne. C'est tout. Et pour cela il faut se rappeler avant tout de nos propres intérêts nationaux. Pour répondre à la question de savoir si un pays aussi petit que la Géorgie peut être un acteur indépendant, je dirai qu'au XXIe siècle aucun pays ne peut mener une politique indépendante à 100%. Dans le processus de mondialisation tout est devenu si interdépendant qu'il est impossible d'être indépendant à 100%. Mais il est possible de conserver son indépendance dans un certain cadre — en ce qui concerne la préservation de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la poursuite du processus de démocratisation.
Je pense que la plus grande erreur des politiciens géorgiens est d'avoir décidé que notre pays se transforme en allié fort des USA — même plus fort que certains pays de l'Otan. C'était une très grave erreur.
Compte tenu de la situation géographique de la Géorgie, il ne faut pas oublier qu'au nord se trouve une superpuissance avec ses propres intérêts très sérieux. D'après moi, si la Géorgie respectait et prenait en compte les intérêts légitimes de la Russie (je souligne — les intérêts légitimes!), il lui serait bien plus simple de jouer un rôle indépendant sur la scène internationale. La Géorgie ne doit être ni pro-occidentale (il serait même plus correct de dire «pro-américaine») ni pro-russe. Elle doit être seulement pro-géorgienne.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.