Migrants: la mairie de Calais fait de la résistance

© REUTERS / Pascal RossignolCalais
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Le conseil d’État a ordonné à la ville de Calais de mettre en place des mesures d’aide aux migrants, comme la création de points d’eau ou de sanitaires. La maire de Calais, Natacha Bouchart, refuse de se soumettre à ces injonctions au motif que cela pourrait recréer une énième jungle.

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Ce lundi, le conseil d'État a suivi l'ordonnance du tribunal administratif de Lille. Celui-ci avait ordonné, le 26 juin dernier, à l'État et à la commune de Calais de mettre en place des mesures d'aide aux migrants, comme la création de points d'eau ou de sanitaires. Pour la maire de Calais, Natacha Bouchart, il est hors de question d'appliquer les injonctions du conseil d'État. Elle a déclaré dans un communiqué que «La décision de justice du Conseil d'État est une injustice pour les Calaisiens, car elle les met de nouveau sous la menace de la recréation d'une énième jungle. Aussi, en l'absence de politique nationale et européenne offrant une solution globale de maîtrise de l'immigration, la Ville de Calais ne donnera pas suite aux injonctions qui lui ont été faites.»

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Pour Philippe Mignonet, adjoint au maire de Calais en charge de la sécurité et de l'environnement, ce refus s'explique par de nombreuses raisons:

«Dès 2008, nous avons mis en place le conseil des migrants qui regroupait la ville et les associations que l'on appelle «historiques», celles qui étaient là depuis le départ de ce phénomène et qui se sont occupées plus ou moins, puis, de plus en plus de cette situation en fournissant de l'aide aux migrants. Nous avons mis en place une aire de distribution de repas et une aire de douche, qui se sont retrouvées très vite saturées.»

Et d'ajouter que:

«Depuis 2008, nous avons cette expérience, cette expertise, qui montre qu'à chaque fois qu'il y a quelque chose de créé à Calais, c'est un afflux très important qui vient s'installer les semaines qui suivent. La population calaisienne n'a pas à subir le manque de courage des instances européennes pour traiter ce sujet.»

Pour Philippe Mignonet, cette décision de justice n'est pas pertinente puisque «Les solutions existent, il n'y a pas de besoins supplémentaires d'en créer. Quant aux points d'eau, la ville de Calais dispose de huit fontaines d'eau potable accessibles, disposées à différents endroits. Et puis, l'ensemble des toilettes publiques de la ville de Calais sont gratuites et en libre accès. Il n'y a donc pas la nécessité de créer de nouvelles structures.»

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Cependant, en refusant de se plier aux injonctions du Conseil d'État, la maire de Calais s'expose à d'éventuelles poursuites judiciaires. Selon Philippe Mignonet, ce cas de figure est envisageable mais Natacha Bouchart pourra compter sur le soutien sans faille de son équipe et de la population.

«Je vois mal une condamnation, évidemment le non-respect pourrait l'entraîner, mais Madame le Maire de Calais tiendra et nous, ses adjoints et l'ensemble des élus de la majorité du conseil municipal, serons avec elle et ferons front commun. Et puis j'imagine bien que la population calaisienne, qui n'a que trop souffert d'une situation difficile, sera avec son maire, en dehors de toute étiquette politique afin de venir en soutien et de montrer effectivement que la maire de Calais à raison dans sa démarche.»

Pourtant, des solutions politiques à l'échelle européenne pourraient réussir à réguler le flux migratoire, comme nous l'explique l'adjoint au maire:

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«Il faut qu'il y ait une politique commune d'immigration, européenne, que chaque pays soit sur les mêmes règles, et que chaque pays respecte les règles en vigueur. Et puis bien sûr, il faut avoir l'appui de partenaires autre, comme la Russie par exemple […] La Russie peut aussi nous aider. La Russie qui est pour l'instant épargnée par ce phénomène mais qui pourrait l'être.»

A défaut de la mise en place de cette politique commune européenne, Philippe Mignonet espère que le Président de la République tiendra ses promesses.

«Le Président de la République a déclaré que d'ici à la fin de l'année qu'il n'y aurait plus de sans-abris à la rue parce qu'il ne faut pas stigmatiser les migrants, Il y aussi des sans-abris français. Et bien nous verrons comment le Président met en œuvre cette politique.»

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