Le gouvernement français annonce un plan sur les migrations qui prône la «dignité» et la «solidarité». Si 12.500 places d'hébergement supplémentaires sont annoncées, ainsi qu'une réduction des délais de traitement des demandes d'asile, Édouard Philippe et Gérard Collomb réaffirment néanmoins leur opposition à la réouverture de structures d'accueil à Calais et à Grande-Synthe pour éviter ce qu'ils décrivent comme un «appel d'air», et parlent au contraire de «dissuasion migratoire» et de «politique d'éloignement».
Sputnik a recueilli la réaction de Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l'homme, à l'annonce de ce plan. Pour lui, cette politique migratoire est non seulement violente envers les migrants, mais elle ne peut de toute façon pas être efficace:
«Ce plan ne traite pas le problème de fond: si l'on n'ouvre pas de places, s'il n'y a pas de structures d'accueil inconditionnel, […], donc ça veut dire de la précarité et des difficultés comme celles qu'on connaît à Calais, à Paris ou dans la vallée de la Roya. Dans tous les cas, ce qu'on voit avec ce plan, c'est qu'on est bien loin de la France accueillante et fidèle à son histoire que le Président Macron nous avait promise», a-t-il déclaré.
Selon lui, la notion même de «dissuasion migratoire» est problématique:
«Rien que la référence à la "dissuasion", comme s'il s'agissait de dissuasion nucléaire, est gênante: comme s'il fallait utiliser des armes puissantes pour empêcher les gens de venir. Mais ça ne marche pas, on ne peut pas empêcher les gens de venir, nous vivons dans un monde ouvert et mobile. Par ailleurs, il faut savoir que les migrations vers la France représentent un très petit flux par rapport à l'essentiel des migrations, qui se font entre pays du Sud. La France n'est pas un lieu où il y a un "appel d'air". Pourquoi chercher à dissuader alors que le problème n'est pas là?», s'interroge-t-il.
Les solutions à la question migratoire sont ailleurs, pense-t-il, notamment dans la coopération avec les pays du Sud et dans la renégociation, promise par le candidat Macron, des accords du Touquet, qui placent les contrôles aux frontières du côté français de la Manche:
«Ne pas toucher aux accords du Touquet avec le Royaume-Uni, c'est assez surprenant, ça veut dire que la France assume seule ce que devrait assumer le Royaume-Uni: s'il y a des étrangers qui souhaitent aller en Grande Bretagne, c'est au Royaume-Uni de traiter le sujet», a-t-il conclu.