«En ce qui concerne la transfrontalité de la législation américaine, j'en parle depuis longtemps, depuis 2007. J'en ai parlé à Munich, je crois. C'est exactement ce que je disais. Et cette pratique, elle est inadmissible, elle détruit les relations internationales et le droit international. Nous n'étions jamais d'accord et ne seront jamais d'accord avec ça. Mais nous adoptons un comportement très retenu et patient. Mais à un moment donné nous devrons réagir. Il est impossible de tolérer incessamment la grossièreté envers notre pays», a déclaré Vladimir Poutine.
En l'occurrence la grossièreté ne concerne pas tant la rhétorique américaine que le chapitre 257 de l'acte de sanctions intitulé «La sécurité énergétique de l'Ukraine». Ce chapitre ordonne à la Maison blanche de «s'opposer au gazoduc Nord Stream 2» compte tenu de son «impact néfaste sur la sécurité énergétique de l'Union européenne, le développement gazier du marché en Europe centrale et de l'Est et les réformes énergétiques en Ukraine».
«Seule la construction de Nord Stream 2 peut entraîner une division par six des exportations. Dans ce cas le transit des hydrocarbures via l'Ukraine serait inutile. Le transit serait présent, mais en très faibles quantités, par exemple, pour approvisionner les territoires au sud de l'UE. Et après la construction de Nord Stream 2 et de Turkish Stream il ne serait plus utile du tout. Plusieurs représentants républicains, McCain y compris, insistaient sur ce point», a noté Dmitri Abzalov, président du Centre des communications stratégiques.
Autrement dit, il faut éliminer ou affaiblir les concurrents afin de maintenir l'absence d'alternative au système de transport de gaz de l'Ukraine. Je répète, ils ne le font pas pour Kiev, mais pour prendre le contrôle de son système de transport. Conformément au troisième paquet énergie de l'UE, le système de transport de gaz ukrainien sera morcelé et privatisé. De préférence par les Américains qui, en s'emparant du gazoduc, en tireront un maximum de profit. C'est-à-dire que la Crimée, les élections américaines, les hackers, la Syrie et le reste n'y ont rien à voir. Il s'agit bien du rêve américain de longue date qui a gâché la vie à plus d'un politicien européen.
Mais malgré l'influence des USA, entre 1970 et à ce jour la longueur du système de transport de gaz a augmenté de 11.500 à 37.100 km. Alors pourquoi ne pas mettre la main sur tout ça?
Encore à l'époque de Leonid Koutchma, la Russie, l'Allemagne et l'Ukraine étaient pratiquement convenus de moderniser ensemble le gazoduc. Mais Viktor Iouchtchenko y a renoncé par la suite. Et aujourd'hui, la réparation du réseau gazier ukrainien coûterait pratiquement autant que la construction de Nord Stream 2 dont le coût du transport de gaz est plus bas.
«Si l'Europe consommait le gaz liquéfié américain cher, alors son industrie ne serait pas compétitive avec l'américaine dans la même mesure qu'aujourd'hui grâce au gaz russe relativement bon marché. C'est un élément de guerre économique», a noté Valeri Iazev, directeur de l'Institut d'administration dans l'industrie, l'énergie et la construction auprès de l'Université d'Etat d'administration.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.