Le chancelier autrichien Christian Kern promeut par ailleurs au niveau de l'UE l'idée d'interdire les rassemblements avec la participation d'hommes politiques turcs. Les tentatives de la Turquie de s'assurer le soutien des diasporas turques en Europe pour transformer le pays en république présidentielle, ainsi que les refus de certains pays de l'UE d'accueillir de telles campagnes sur leur territoire, ont déjà entraîné un refroidissement notable dans les relations entre Ankara et Bruxelles.
L'amendement proposé par le responsable autrichien modifiera la loi sur les réunions.
Les amendements proposés par le président turc Recep Tayyip Erdogan sont destinés à transformer ce pays en république présidentielle, où le chef de l'État concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Les sondages indiquent que le nombre d'opposants et de partisans est approximativement égal, ce qui a manifestement poussé Ankara à chercher un soutien du côté des diasporas étrangères.
Le premier choix est tombé sur l'Allemagne où vivent près de 3 millions de ressortissants turcs, dont 1,4 million de Turcs ayant le droit de vote dans leur pays d'origine. Cependant, quatre villes allemandes où le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu s'apprêtait à tenir un discours ont refusé d'accueillir de tels rassemblements de campagne, ne voulant pas transformer l'Allemagne en arène pour une campagne turque de politique intérieure.
Formellement, le refus était motivé par des raisons de sécurité et la capacité d'accueil insuffisante des salles où les discours étaient prévus. Mais Ankara a considéré le refus de recevoir le ministre comme un désaccord mal dissimulé des politiciens européens avec le changement d'ordre constitutionnel prévu par le président Erdogan. Bruxelles a exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations à ce sujet.
Pour l'instant, le seul pays européen à avoir donné son feu vert à la rencontre du ministre Cavusoglu avec la diaspora a été la Suisse, qui ne fait pas partie de l'UE.
Un nouveau cycle de crise dans les relations entre la Turquie et l'UE pourrait conduire à une plus grande intensification des contacts entre Moscou et Ankara. Le 10 mars, le président russe Vladimir Poutine a reçu au Kremlin son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. L'agenda national turc ne se reflète pas du tout sur les relations bilatérales car la position de Moscou ne change pas en la matière: la Russie ne s'ingère pas dans les affaires intérieures des autres pays.
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