L'Europe construira sa propre route de la soie... mais pas sans l'aide de la Chine

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La réalisation d'un projet d'un canal transbalkanique conçu il y a plus d'une centaine d'années par un Serbe refait surface en Europe. Miodrag Jovanovic, professeur de la faculté de construction de l'Université de Belgrade a expliqué à Sputnik pourquoi ce projet ne pouvait être réalisé sans la participation d'une puissance mondiale.

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Bien que tous les grands canaux du monde, comme celui de Panama ou de Suez, aient été construits par des puissances mondiales, la construction d'un canal Danube-Morava (Serbie)-Vardar (République de Macédoine, Grèce) qui relierait non seulement Belgrade et Thessalonique (Grèce) mais la mer du Nord et la mer Égée, ne doit pas être considérée comme une utopie. Si des analyses et des calculs montrent l'efficacité de ce trajet, une nouvelle route de la soie pourrait apparaître en Europe.

« Nous avons décidé de développer nos idées globales », a déclaré le premier ministre grec Alexis Tsipras lors d'une intervention à Belgrade. Il s'agissait non seulement d'un chemin de fer Belgrade-Thessalonique mais aussi d'un canal reliant deux villes à l'aide des fleuves et rivières. C'est ainsi qu'une idée apparue il y a plus de 100 ans était remise à jour.

En 2013, ce projet avait été évoqué par l'ex-ministre serbe des Ressources naturelles, des Mines et de l'Aménagement du territoire, actuellement ambassadeur serbe en Chine, Milan Bacevic. Plus tard cette même année, la compagnie chinoise China Gezhouba a examiné certaines parties du fleuve Morava et a préparé un rapport à ce sujet.

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Les Chinois sont arrivés à la conclusion que le projet de construction d'un canal de Morava via la Serbie est réel et justifié d'un point de vue économique, logistique et agroalimentaire.

En novembre dernier, le projet a été évoqué lors d'une rencontre entre le président serbe Tomislav Nikolic et son homologue macédonien Gjorge Ivanov. Ils ont alors déclaré que le canal Vardar-Morava était une occasion historique pour la région, dont les deux pays devaient profiter au nom des générations futures.

La Chine s'est alors déclarée prête à trouver un partenaire financier pour la construction du canal, si la Serbie, la Macédoine et la Grèce s'accordaient sur ce projet.

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Le projet d'un tel canal a été proposé pour la première fois en 1904 par Nikola Stamenkovic, professeur de la faculté technique de l'Université de Belgrade. Une société américaine basée au New Jersey (est des États-Unis) a préparé un projet de réalisation du projet, qui impliquait la construction d'une route fluviale. En 1909, la Serbie et la Turquie planchaient sur un accord de construction, mais un peu plus tard le projet a été gelé en raison des guerres balkaniques. En 1961, la Yougoslavie et la Grèce ont préparé un nouvel accord. En 1973, des experts de l'Onu se sont rendus en Yougoslavie et ont approuvé sa réalisation, alors que la communauté européenne investissait dans des recherches sur le fleuve Vardar qui ont duré jusqu'en 1990. Mais la chute de la Yougoslavie et les guerres balkaniques des années 1990 sont venues troubler les plans.

Miodrag Jovanovic, professeur de la faculté de construction de l'Université de Belgrade, l'un des co-auteurs d'une recherche sur le potentiel de la rivière Morava dans les années 1980, a déclaré dans une interview accordée à Sputnik qu'il s'agissait d'un projet irréel pour la seule Serbie.

Selon lui, le maximum que la Serbie peut se permettre c'est d'effectuer des travaux dans la rivière Morava. Il s'agit d'un « projet pharaonique » impliquant des investissements considérables et des solutions techniques insolites, ainsi que des dépenses de fonctionnement.

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Ce projet a besoin d'un pays avec une forte économie, comme par exemple la Chine, qui a déjà commencé son expansion sur les marchés européens dans le sud de l'Europe. Ainsi, 67 % du port grec du Pirée a été acheté par une société chinoise.

D'après les estimations, la Chine aurait besoin de 10 ans et de 15 milliards de dollars afin de réaliser ce projet. L'initiative n'est pas irréelle mais dépend de l'intérêt qu'y manifestera l'Empire du Milieu.

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