Le 16 janvier 2017, des ministres des Affaires étrangères des pays-membres de l'UE se sont penchés une fois de plus sur l'évolution de la crise syrienne lors d'une réunion à Bruxelles.
Une partie des négociations concernait la stabilisation de la situation politique en Syrie et surtout la définition de la stratégie syrienne et du rôle de l'Union européenne dans le règlement de cette crise.
Parmi les objectifs principaux de ces négociations figurent également le cessez-le-feu total et une transition politique en Syrie, sous l'égide des Nations unies ainsi que l'accès de l'aide humanitaire et la protection dans l'ensemble du pays.
Depuis octobre 2016, l'UE mène des débats animés sur l'avenir politique de la Syrie ainsi que sa reconstruction.
Cette initiative vise à trouver un terrain d'entente sur l'après-conflit en Syrie, la transition politique et sur la réconciliation, en totale coordination avec les efforts des Nations unies. Et ce sur fond d'initiatives russo-turco-iraniennes.
Dans une interview exclusive accordée à Sputnik, Oya Akgönenç Muğisuddin, ex-députée du parlement turc, docteur ès sciences politiques, nous présente son point de vue sur ce problème. Selon Mme Muğisuddin, il est plus qu'évident qu'il ne faudra plus compter sur une aide européenne en Syrie sans que l'Europe n'y tire un quelconque profit: qu'il soit politique ou économique.
« Nous pouvons nettement constater des changements considérables dans la politique européenne en Syrie. Les premières années du conflit syrien, les pays de l'UE ont mené une politique très active. Néanmoins, avec le temps, tout le monde a pu voir leurs erreurs et donc leur action a commencé à s'éteindre. Je ne vois pas ce qu'ils font en Syrie aujourd'hui. »
En même temps, lors des négociations, différentes questions, comme par exemple celles concernant les perspectives de la conférence consacrée à la crise syrienne à Bruxelles et le rôle de la Russie et de la Turquie dans le règlement de cette crise, ont été abordées.
Mme Muğisuddin considère l'initiative d'organiser une conférence humanitaire comme très positive mais en même temps exprime son étonnement compte tenu de la situation qui s'avère ambiguë :
« Aujourd'hui, la Russie et la Turquie jouent un rôle déterminant lors du règlement de la crise syrienne. Évidemment, cela ne fait pas très plaisir à l'Europe. C'est pour cette raison qu'ils organisent tous ces débats. De quoi vont-ils encore parler ? »
Sur fond de craintes suscitées par l'envoi de lance-missiles sol-air à l'opposition syrienne par les États-Unis, Mme Muğisuddin confirme que c'est une très belle initiative de parler de la conférence humanitaire mais le moyen le plus efficace pour parvenir à instaurer la paix, sur tout le territoire syrien, serait tout de même de commencer par ne plus envoyer d'armes en Syrie en les remplaçant plutôt par une aide humanitaire dont le pays a vraiment besoin en ce moment et dont les pays occidentaux ne cessent de parler sans pour autant la fournir.
L'ambiguïté de la situation consiste également en l'augmentation des sentiments xénophobes et islamophobes en Europe.
« Nous assistons à l'affaiblissement des attitudes humaines envers les immigrés syriens. On leur refuse même une aide médicale. L'Europe n'est pas autant intéressée au destin des Syriens. Les Européens ne les considèrent pas comme des gens qui ont tout simplement besoin d'aide mais comme des ennemis qui leur volent leur pain. Dans des conditions pareilles, il serait impossible de compter sur un soutien sérieux de la part de Bruxelles. Je n'attends pas de résultats sérieux de ces pourparlers des ministres des Affaires étrangères. »
Rappelons que les négociations prévues le 23 janvier à Astana auront également pour objectif de définir le rôle de l'Europe dans le règlement de la crise syrienne ainsi que les perspectives de la conférence humanitaire qui aura lieu à Bruxelles au printemps 2017.