Deux ans d'écoulés et les résultats se font toujours attendre. Quelle est donc l'histoire des accords de Minsk étant donné qu'aujourd'hui, ni le cessez-le-feu absolu, ni la reconnaissance du Donbass ne sont à portée de la main?
L'été chaud de 2014
Les premiers accords, baptisés Minsk 1, ont été précédés par une période de heurts effrénés, surtout au mois d'août qui est considéré comme la période des affrontements les plus intenses jamais recensés dans le Donbass. Au début du mois, les forces de sécurité ukrainiennes lancent une offensive et les villes de Donetsk et de Lougansk se trouvent pratiquement encerclées. Mi-août, les milices populaires qui lancent une contre-offensive et libèrent la ville d'Ilovaïsk assiégée par l'armée ukrainienne.
A ce moment-là, les membres du groupe ultranationaliste Secteur droit fuyaient sous les coups des milices populaires en laissant leurs armes derrière eux… Certains, bien qu'ils ne soient pas les bienvenus en Russie, traversent la frontière. Dans l'impasse, Kiev a bien pensé à faire la paix.
Le chemin épineux de Minsk 1
Mais l'abîme appelle l'abîme. Alors qu'un grand nombre de réfugiés franchissent la frontière russe, l'enquête sur le Boeing malaisien abattu est ouverte, le photojournaliste Andreï Stenine est tué, l'Occident frappe la Russie de sanctions — et Moscou rétorque.
C'est dans un tel contexte que les parties se sont installées à la table de négociations. Apparemment, tous comprenaient qu'il était grand temps de lancer le processus de règlement du conflit, et c'est sur ce terrain que les accords Minsk 1 ont été conclus.
Cependant, les divergences qui subsistaient et la grogne des deux parties en conflit mécontentes du statu quo établi ont rendu les accords irréalisables. Et jusqu'alors, ces mêmes facteurs remettent en cause le respect des accords Minsk 2.
Encore une pierre d'achoppement: Kiev faisait semblant de négocier directement avec Moscou, tout en refusant de considérer les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk comme des interlocuteurs légitimes qui auraient le droit de s'asseoir à la table des négociations. Moscou insistait pourtant sur le fait qu'il n'était qu'un médiateur et que Kiev devait établir un dialogue avec Donetsk et Lougansk.
Aucune évolution, pas de paix
Ironiquement, c'est au cours de ces mêmes jours, il y a deux ans, que les représentants de Kiev et du Donbass ont convenu d'un cessez-le-feu absolu à partir du 1er septembre, mais en 2016 le cessez-le-feu semble encore loin d'être établi.
Revenons à septembre 2014: en l'espace de cinq jours, les parties en conflit se sont déjà accusées mutuellement d'avoir violé le cessez-le-feu à peine introduit. En 2016, les relations entre Kiev et les deux républiques restent extrêmement tendues. Aucun pronostic optimiste n'est envisageable.
La prochaine rencontre au "format Normandie", un vrai espoir?
Paris s'apprête à accueillir la rencontre des chefs d'Etat du quartette Normandie en octobre prochain, mais peut-on y placer de grands espoirs?
"Nous nous sommes accordés de tenir, dans les prochaines semaines, un sommet avec l'Allemagne, la France, la Russie et l'Ukraine", a déclaré François Hollande à l'issue de sa rencontre d'hier avec le président russe Vladimir Poutine, en marge du sommet du G20 en Chine.
"Nous devons résoudre les problèmes qui bloquent le respect des accords de Minsk aujourd'hui, surtout l'octroi à certaines régions des oblasts de Donetsk et de Lougansk d'un statut spécial, la situation en matière de sécurité et le manque de confiance entre les parties en conflit", a poursuivi M.Hollande.
Une visite des ministres des Affaires étrangères français et allemand à Kiev est d'ailleurs prévue pour débloquer les pourparlers, octroyer un statut spécial et tenir des élections dans les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, a annoncé le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault le 2 septembre.
Seule question: ces efforts serviront-ils à quelque chose? Cela reste à voir.