Etablir les faits
Il est désormais en effet clair que seule une commission d'enquête parlementaire peut traiter les questions soulevées par l'attentat de Nice et restaurer les principes de la République. Ceux-ci ont d'ailleurs été mis à mal par les déclarations des membres du gouvernement, de Bernard Cazeneuve à Manuel Valls. Cette commission se devra d'établir les faits soit:
2. Comment un camion de 19 tonnes a-t-il pu circuler à Nice, alors que les rues de cette ville sont interdites à ce genre de véhicule? On sait qu'à toute interdiction correspond des exemptions, de fait ou de droit. Mais, le soir du 14 juillet la circulation d'un tel engin aurait pu et dû mettre les forces de police en alerte.
4. Quel était le niveau de préparation des responsables tant municipaux que nationaux à un attentat? Il est clair que la sécurité s'était focalisée sur une bombe ou l'usage de ceintures explosives. Mais croire que l'ennemi va être routinier est une énorme erreur. Les croyances des acteurs ne sont pas seulement affectées par les sources externes mais par le mouvement de remise en cause des ordres de croyances qu'induisent les sources. De là découle une question cruciale quant à l'attentat de Nice. Compte tenu des informations raisonnablement disponibles sur le degré et les natures possibles des menaces terroristes à la veille du 14 juillet, les responsables de la police nationale, et de l'Etat, à Paris comme à Nice, n'ont-ils pas pêché par le même "…sentiment injustifié d'une immunité quant à une attaque... » que ce que l'on a connu à Pearl-Harbor (4)?
Responsabilités politiques
Mais, les principes de la République ont aussi été mis à mal par les déclarations outrancières de certains ministres, et non des moindres. Rappelons que Jean-Marie Le Guen a fait une déclaration scandaleuse, qui pose un véritable problème de morale et de politique: "Je veux bien qu'on aille sur ce terrain-là, mais dans ce cas, il n'y a plus d'État de droit dans le pays. Si un certain nombre de journalistes, de commentateurs, de responsables politiques mettent en cause le fonctionnement de la justice et des services administratifs de l'État, alors c'est une thèse qui est extrêmement dangereuse pour la démocratie" (6), il met en cause en réalité la démocratie. Le premier ministre, M. Manuel Valls, a mis en balance le fait que M. Estrosi avait bénéficié du retrait de la liste PS-PRG pour l'emporter au second tour des régionales contre Marion Maréchal-Le Pen (FN) en décembre pour l'amener à des positions plus conformes aux siennes, ce qui est d'une rare indignité (7).
Ici encore, seule une commission d'enquête parlementaire est à même, en établissant clairement les responsabilités des uns et des autres, de ramener les acteurs de ce drame aux principes de la République, ce qui peut entraîner, le cas échéant, leur démission. Il convient donc que les députés de la majorité comme de l'opposition, s'accordent rapidement sur sa constitution.
(1) http://www.liberation.fr/france/2016/07/20/securite-a-nice-370-metres-de-questions_1467531
(2) Cité d'après Libération, http://www.liberation.fr/france/2016/07/20/securite-a-nice-370-metres-de-questions_1467531
(4) S.E. Morison, History of United States Naval Operations in World War II — Volume III — The Rising Sun in the Pacific, Boston, Little, Brown & company, 1988 (première édition 1948), pp. 136-139
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