Les relations entre la Russie et le Japon se développent plutôt bien, mais il reste toujours un sujet douloureux, à savoir les îles Kouriles revendiquées par Tokyo à Moscou qui n'a nullement l’intention de les céder, et les analystes se demandent s'il y a des chances d’aboutissement sur cette question épineuse.
"La Russie n'a nullement l'intention de céder les îles Kouriles au Japon (…). Nous ne faisons pas cela et nous ne le ferons pas. Nous ne céderons pas les îles Kouriles et nous ne supplierons pas le Japon pour un accord de paix (…). Pas question pour Moscou de céder le contrôle des îles Kouriles à Tokyo", a récemment déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Ces propos du ministre sont devenus une sorte de douche froide après les espoirs créés par la rencontre de mai entre le premier ministre japonais Shinzo Abe et le président russe Vladimir Poutine.
Bien des observateurs ont évalué cette éclaircie de courte durée comme une promesse de règlement prochain du litige territorial autour des Kouriles qui s’éternise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cette rencontre a marqué effectivement une volonté de rapprochement entre les deux puissances sur les plans diplomatique et économique, MM.Poutine et Abe s'étant accordés sur la nécessité d'une "approche fondée sur de nouvelles façons de penser".
"Je sens que nous allons vers une percée dans les négociations du traité de paix (actuellement, ndlr) au point mort", avait déclaré plutôt confiant Shinzo Abe devant les journalistes à la sortie de sa rencontre de trois heures avec le président russe à Sotchi.
Néanmoins, les chances d'un règlement global semblent toujours lointaines malgré ces ouvertures prometteuses.
Le Japon revendique quatre îles constituant la partie sud de l'archipel des Kouriles (Itouroup, Kounachir, Shikotan et Habomai), se référant au Traité commercial et frontalier de 1855, document qui reconnaît ces îles comme japonaises. Mais ces îles ont été rattachées à l'Union soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Russie en a hérité après la chute de l'URSS. Ce différend empêche depuis de longues années la signature d'un traité de paix entre les deux pays.
Pour Tokyo, la restitution des Kouriles est une condition sine qua non de la signature du traité de paix. Pourtant, ces îles présentent un intérêt stratégique pour la flotte russe, en ouvrant l'accès au Pacifique depuis la mer d'Okhotsk, où patrouillent notamment les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, certains de la récente classe Boreï, indispensables à la dissuasion nucléaire. En outre, les Kouriles et leurs alentours sont riches en poisson et abriteraient d'importantes réserves d'hydrocarbures, ainsi que des minerais stratégiques et rares. Par ailleurs, quelque 20.000 Russes y habitent. Aussi, Moscou n'a-t-il aucune raison de brader son héritage territorial et de renoncer à sa souveraineté sur les Kouriles.