À l'initiative de plusieurs responsables des grandes religions présentes en France (juive, catholique, protestante, orthodoxe, musulmane et bouddhiste), Science Po Paris, ou plutôt, "Science Po Executive Education" va présenter en septembre prochain une toute nouvelle formation, intitulée: "Emouna, l'Amphi des Religions".
Alors ça répond à un besoin de société aujourd'hui? Un besoin de société parce que, on a vu les attentats, on a vu que la tendance est souvent à se renfermer, çà se renfermer sur soi-même, et les membres de sa communauté. Et ce ghettoïser est quelque chose de dangereux, nous avons estimé. Et par ailleurs, on connaît souvent mal sa propre religion, mais on connaît encore moins la religion de l'autre. Ce sont ces éléments qui ont fait qu'un petit groupe de travail, qui se connaît bien et qui est de différentes religions, s'est dit qu'il y avait une urgence à monter ce type de projet qui sera complémentaire des formations religieuse, mais indispensable.
Un projet qui se veut complémentaire des formations religieuses, et non pas une substitution. Très concrètement, comment ces cours vont-ils fonctionner et qui est concerné? Ce programme s'adresse en priorité aux ministres du culte, c'est-à-dire rabbin, prêtre, pasteur, imams… Mais aussi aux responsables associatifs ou encore tout professionnels, qui se montre intéressé par l'interaction entre les religions et la sphère publique.
Il va s'articuler sur trois modules. Religion et Institutions, Religion et Culture, Religion et Management. Il y aura trente personnes et l'idée est de faire travailler ces trente personnes de religions et sensibilités différentes pendant deux jours par mois pendant un an, pendant neuf mois. C'est beaucoup plus centré sur les responsables de cultes puisque chaque culte va désigner quatre ou cinq candidats qui vont se proposer pour travailler là-dessus. Et il y aura 4-5 places pour des entreprises qui sont en relation avec des religions ou des personnes qui travaillent dans le milieu associatif en relation avec les religions. Mais essentiellement, la très grande majorité, ce sera des responsables religieux.
Non parce que la laïcité n'est pas la négation des religions. La laïcité c'est ne pas placer une religion comme dominante, ce qui est le cas puisque toutes sont ici représentées, donc d'autre courant de pensée. Donc cela ne pose aucun problème de laïcité. […] Pourquoi c'est Science Po? Parce que c'est une école d'excellence. Il nous fallait quelque chose d'un bon niveau, on ne pouvait pas faire de l'à-peu-près pour les ministres du Culte. On a choisi cette école de l'excellence. Il faut savoir que ce n'est pas Science Po qui s'occupe: la demande elle émanait de nous, il nous fallait le cadre qui s'y employait et qui allait permettre aux élèves de pouvoir évoluer. Donc pas de problème de laïcité, au contraire. La preuve en est: le ministère de l'Intérieur soutient le projet et là je vous donne un petit scoop. Au moment de la rentrée et du démarrage, il y aura une intervention du ministre de l'Intérieur. C'est justement en parfaite harmonie avec la notion de laïcité, qui n'est pas une laïcité de rejet.
Qui seront les enseignants? Religieux, athées? Relevant du privé, du public?
"Emouna — L'amphi des religions" est organisé "en lien et avec le soutien du Grand rabbinat de France, du Conseil des rabbins libéraux (Kerem), de la Conférence des évêques de France (CEF), de la Fédération protestante de France (FPF), de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France, du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de l'Union des bouddhistes de France (UBF)." Le ministre de l'Intérieur sera présent au moment de la rentrée et du démarrage de cette formation d'un nouveau genre, pour "apprendre à se connaître". Ces ministres du culte vont être appelés en fonction s'ils ne le sont pas déjà, et pourront travailler ensemble.
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