Hijab Day: porter ou ne pas porter?

© Sputnik . Ramil Sitdikov / Accéder à la base multimédiaFemmes musulmanes portant le voile
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Les étudiants de Sciences Po Paris ont organisé le 20 avril une journée du voile pour sensibiliser les citoyens au port du voile en invitant leurs camarades à se couvrir les cheveux. Quelles réactions a suscité une telle initiative au sein de la société française? Sputnik est arrivé sur place pour le comprendre.

La journée du voile avait pour objectif de sensibiliser au port du voile et de "démystifier le tissu".

"Il y a autant de voiles que de femmes. C'est la personne qui le porte qui donne une signification à son vêtement, et elle est la seule légitime à le faire", expliquent les organisateurs sur leur page Facebook, espérant également faire comprendre aux participants la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France.

Sur place, des voiles étaient distribués gratuitement aux filles, afin qu'elles sachent quelle impression cela faisait d'en porter un.

Sputnik a eu la possibilité d'interviewer des membres de différentes organisations étudiantes au sujet de cette distribution de voiles islamiques.

"Je pense que malheureusement face au débat on voit qu'on a une société, ce n'est pas le premier Hijab Day, il y en a un qui est même mondial qui est organisé, je pense que ça peut se multiplier, je pense que Sciences Po est quand même une école assez précurseur sur ce genre de choses, donc je pense que ce sera un phénomène qui sera minoritaire", estime Claire Hasnier, élue de l'organisation UNI Sciences Po, expliquant pourquoi son organisation est contre la tenue du Hijab Day à l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris.

UNI Sciences Po avait par ailleurs déjà fait savoir être opposé à cet évènement:

D'autres organisations au contraire étaient en faveur du Hijab Day. C'est le cas de l'UNEF:

"Ce sont vraiment des initiatives personnelles, on a beaucoup parlé avec eux et en fait il se trouve que ce sont des personnes qui sont voilées ou non voilées, croyantes ou non croyantes et qui juste ont été choquées par les propos de la ministre et qui ont marre du débat malsain qu'il y a actuellement dans la sphère publique".

On a aussi interviewé Marie, étudiante qui se déclare féministe, et qui a expliqué pourquoi elle avait décidé de porter le hijab aujourd'hui.

"J'ai choisi ça justement pour aider, c'est un acte de soutien, c'est pour aider, pour soutenir toutes les personnes qui portent le voile librement aujourd'hui et qui sont stigmatisées à cause de ça", souligne-t-elle. "Et je trouve ça pas normal parce que je suis féministe et du coup chacun devrait pouvoir s'habiller comme on veut que ce soit avec des minijupes et des talons de dix centimètres ou un voile".

Thomas Laval, président du Front national Sciences Po section Jean Moulin, a donné de son côté l'opinion du parti qu'il représente.

"On a bien dénoncé le fait que c'était un renforcement du communautarisme, c'est une attente également à la laïcité et à terme c'est que je trouve ça dangereux parce que on banalise vraiment un outil qui reste un outil d'asservissement de la femme — en Iran par exemple il y a des millions de femmes qui essayent encore de se libérer de ce voile ou qui se font jeter de l'acide au visage quand elles ne le portent pas bien", fait-il remarquer. "Ensuite, il faut voir la réaction sur les médias, sur les réseaux sociaux, c'est qu'il y a une réelle bronca, à l'intérieur il n'y a que cinq étudiants seulement qui portent le voile et il y a beaucoup d'indignation autour de cet événement".

"Le voile est un symbole complexe", rajoute un jeune homme Maxime habillé en femme pour protester. "Il y a des pays dans lesquels il est imposé, il y a des quartiers de France dans lesquels certaines personnes sont obligées de le porter. Donc ce n'est pas un simple bout de tissu et on ne peut pas simplement dire: on va le distribuer à l'entrée de Sciences Po comme un accessoire. D'ailleurs même si ça avait été des croix ou des kipas qui étaient distribués à l'entrée de Sciences Po ça aurait été aussi problématique", résume-t-il.

Les réseaux sociaux ont aussi vivement réagi à l'initiative.

L'UNI Sciences-Po a dénoncé le caractère prosélyte de #HijabDay consistant à promouvoir le port du voile.

Selon Les Républicains, le gouvernement a perdu encore une fois une occasion de joindre les actes à la parole.

"Nous ne nous sommes pas battues pour avoir le droit de porter des pantalons pour aujourd'hui laisser se propager l'obligation sexiste de se couvrir les cheveux!", a déploré la députée française au Parlement européen Nadine Morano.

Une autre députée française Sophie Montel dit aussi non à la journée du voile.

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