L'approche américaine de politique extérieure a un impact pour le moins freinant sur la lutte anti-terroriste qui domine désormais tous les possibles ordres du jour. Entre-temps, l'idée que Moscou et Washington joignent leurs efforts dans cette lutte est bonne dans l'absolu, le vrai problème n'étant pour autant pas là, estime le Général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset dans un entretien à Sputnik.
"Le problème c'est que la définition des terroristes n'est pas la même partout", met-il en valeur. Et par conséquent, "les perspectives sont assez limitées sur la création d'un véritable front antiterroriste".
Derrière les affichages aussi bien russes qu'occidentaux sur cette question, le fait qu'on en parle est déjà une première chose intéressante, poursuit M. Brisset.
"Dans un deuxième temps, il est aussi intéressant que les gens puissent derrière la façade avoir quand même des échanges, progresser dans la vraie lutte contre le terrorisme à travers des échanges. Ils ne sont pas forcément sous l'égide de l'Onu".
Mais, la question qui fâche: peut-on espérer qu'un jour il y aura un front commun antiterroriste, contenant notamment la Russie et les Etats-Unis? Oui, mais… M. Brisset donne ses précisions.
"A l'heure actuelle, une vraie coopération entre la Russie et les USA au niveau de la Syrie, ça serait dans la désignation des objectifs pour vraiment des frappes militaires immédiates", répond l'interlocuteur de Sputnik.
Une autre question concerne la crainte de Barack Obama de la soi-disant "agression russe" qui ne suscite déjà qu'agacement. Lors de son intervention à Hanovre, M. Obama avait appelé les Européens à faire davantage en matière de dépenses militaires, soulignant que l'Otan devait soutenir les pays alliés d'Europe centrale et de l'est face au regain de tension avec la Russie. C'est lui, qui envoie ses troupes dans tous les coins du monde sous le prétexte de lutter… lutter contre quelque chose.
Exemple? Il ne faut pas aller loin: le 25 avril, le président américain a annoncé qu'un contingent supplémentaire de 250 militaires américains, notamment des forces spéciales, serait envoyé en Syrie à l'initiative du Pentagone. Objectif? Lutter pour la libération de la ville de Raqqa des terroristes du groupe Etat islamique. Le plan est intégralement prémédité.
Il est donc facile de comprendre pourquoi la Russie trouve étonnants ces propos du président Obama sur la menace russe et sur le regain de tensions avec Moscou, confie M. Brisset à Sputnik. Mais maintenant il faut voir aussi que le président Obama est en fin de mandat.
"Ce qui préoccupe plus les USA, c'est la campagne électorale. Dans ce cas-là, il rend davantage service à un certain nombre de ses électeurs ou de ceux de son successeur qu'à l'intérêt global de la paix en Europe", résume M. Brisset.
Ici la question se pose: la paix globale n'a-t-elle jamais été dans les intérêts nationaux américains?
"Je trouve dommage que l'Europe ne coopère pas plus avec la Russie, qu'il n'y ait pas plus de déclarations européennes disant que la Russie n'est pas forcément une menace. Mais c'est de la politique. On est loin des réalités de terrain. Je ne suis pas non plus sûr que les USA soient très contents d'une certaine cohésion européenne avec la Russie", souligne l'interlocuteur de Sputnik.