Deux leaders du parti Alternativ für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne, AfD), formation populiste d'extrême-droite, ont plaidé dans une interview publiée lundi par le Franfurter Allemeine Zeitung pour une zone euro réservée à quelques pays liés à l'Allemagne, excluant la France et les autres nations méditerranéennes.
"Nous pouvons avoir une monnaie commune avec les Pays-Bas, l'Autriche, la Finlande ou les Etats baltes. Ils ont la même culture de la stabilité que nous. Mais les Français en ont une autre, sans parler des Italiens, des Espagnols, des Portugais et des Grecs. Ils ne veulent pas entendre parler d'austérité", a notamment déclaré le co-président du parti, Jörg Meuthen.
Le vice-président de l'AfD, Alexander Gauland, s'est hâté de dédramatiser, en ajoutant que "personne ne voulait mettre la France dehors".
"Quoi qu'il en soit, la France constitue un problème politique pour la zone euro (…) Il serait bon que les Français restent, mais s'ils ne le peuvent pas économiquement ou ne le veulent pas, on doit trouver une autre construction", a-t-il estimé.
Tout indique que les réformes engagées depuis trois ans par la France n'ont pas convaincu la droite allemande qui juge ce pays laxiste sur le plan budgétaire.
Deuxième économie de la zone euro, la France se bat contre un taux de chômage à plus de 10% qui ne recule pas, à l'inverse d'autres pays voisins. Elle est également épinglée par Bruxelles pour son déficit public au-dessus de la limite européenne de 3% du PIB.
Depuis la fondation de l'AfD en 2013, les eurosceptiques allemands ne cessent d'intervenir en faveur d'une Europe à plusieurs vitesses, avec une monnaie unique réservée aux pays les plus compétitifs. Les analystes constatent que des liens de plus en plus étroits se tissent entre l'AfD et le Front national en France, unis dans leur critique intransigeante de l'Union européenne.
Porté par la crise financière en Europe, la crise des réfugiés et les doutes de la population sur l'intégration des personnes d'origine étrangère en Allemagne, le parti AfD jouit d’une popularité gandissante au sein de l'opinion publique. Même si son programme "anti-islam" suscite une forte polémique dans le pays, les sondages lui promettent la troisième place sur le podium aux élections fédérales de l'automne 2017, avec environ 12% des suffrages.