Fermeture de la route des Balkans, ou comment l’UE compte abandonner la Grèce

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"Fermer la route des Balkans" signifie sacrifier la Grèce, berceau de la civilisation européenne, ce qui ne va pas sans rappeler les accords de Munich, estime un juriste français qui appelle par ailleurs à ne pas compter sur la bonne foi de la Turquie pour désamorcer la crise des migrants.

L'intention de l'UE de fermer la "route des Balkans" aux réfugiés signifie l'abandon de la Grèce avec ses centaines de milliers de migrants et peut être comparée à la trahison de la Tchécoslovaquie par les démocraties occidentales en 1938, relève le juriste et universitaire français Alexis Théas, cité par les médias. 

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"La crise des migrants est l'un des pires drames auxquels l'Europe, en tant que continent, est confrontée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", souligne M.Théas, ajoutant que cette crise entraîne le continent dans une décomposition sociale et politique accélérée.

Réuni lundi 7 mars à Bruxelles à l'initiative de la chancelière allemande Angela Merkel, le sommet européen a été axé sur deux priorités: un accord avec la Turquie pour qu'elle accepte de retenir une partie des migrants et la "fermeture" de la route des Balkans. 

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"Il est parfaitement légitime que la Turquie prenne en charge l'accueil des réfugiés syriens et irakiens. L'un des principes absolus du droit d'asile est que les victimes de persécutions n'ont pas à choisir a priori leur lieu d'accueil. Elles s'installent au premier endroit où elles se trouvent en sécurité, à l'abri de leurs persécuteurs", fait remarquer l'expert. 

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Il souligne toutefois qu'il ne faut pas compter sur la bonne foi de la Turquie pour désamorcer la crise des migrants, Ankara procédant à une forme de chantage en conditionnant son aide sur ce dossier à son adhésion à l'Union européenne. 

"Céder dans ces conditions reviendrait de toute évidence à placer l'Europe en situation d'otage de la Turquie", prévient M.Théas. 

D'autre part, il compare le sacrifice de la Grèce, abandonnée par l'Europe avec ses centaines de milliers de migrants répandus dans des camps de fortune, aux accords de Munich qui livraient la Tchécoslovaquie à Hitler en 1938. 

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"Le lâche abandon de la Grèce, berceau de la civilisation européenne, serait emblématique d'une Europe déboussolée, déracinée, à la dérive", déplore l'universitaire français. 

Il appelle l'Europe à sortir enfin de sa torpeur suicidaire et à reprendre en main son destin, en imposant une volonté de puissance et en luttant notamment contre le trafic des passeurs esclavagistes qui accumulent des fortunes en jetant des millions de malheureux à la mer.

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