L’Union européenne ne peut pas laisser la Grèce "plonger dans le chaos" face à l’afflux de migrants, dont des milliers sont bloqués aujourd'hui en territoire grec après la fermeture des frontières dans les Balkans, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel à la télévision nationale.
"Pouvez-vous sérieusement croire que les pays de la zone Euro ont combattu jusqu’au bout pour que la Grèce reste dans l’Euro (…) pour qu’un an plus tard, au final, on laisse pour ainsi dire la Grèce plonger dans le chaos?", s'est indignée Mme Merkel.
La chancelière a appelé ses homologues européens à faire preuve de responsabilité et à répartir équitablement les charges pour accueillir ces milliers de réfugiés qui ne cessent d'affluer vers l'Europe dans l'espoir d'un avenir meilleur.
"Mon foutu devoir (meine verdammte Pflicht, en allemand, ndlr) et mon obligation sont que cette Europe trouve un chemin ensemble", a-t-elle lancé, alors que sa politique migratoire est de plus en plus contestée dans son pays, voire au sein de son parti.
Les Balkans ferment leurs portes aux migrants, alors que l'Europe se déchire sur le problème des réfugiés qui la submergent.
La presse rapporte que plusieurs centaines de migrants ont manifesté dimanche, en s’allongeant sur des rails du côté grec de la frontière macédonienne, laquelle leur était fermée. De nombreux réfugiés se sont ensuite rassemblés près de la barrière qui sépare les deux pays, exhortant les Macédoniens à les laisser passer.
Le point de passage d'Idomeni s’est transformé en goulot d’étranglement après la décision de Skopje de refuser l’accès à son territoire aux Afghans et de durcir le contrôle des papiers d’identité pour les Syriens et Irakiens.
Par ailleurs, la Slovénie et la Croatie, ainsi que la Serbie et la Macédoine ont décidé de limiter le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants transitant quotidiennement par leur territoire. Ces pays des Balkans emboîtent le pas à l’Autriche qui a notamment choisi de limiter l’entrée des migrants à 80 demandeurs d’asile par jour et à 3.200 personnes en transit.
Qui plus est, le chancelier autrichien Werner Faymann a accusé Athènes de se comporter "comme une agence de voyages", en laissant librement passer les migrants.
En même temps, le pape François a salué "le généreux secours" apporté par la Grèce et "les autres pays en première ligne", en estimant que cette urgence humanitaire "nécessitait la collaboration de toutes les nations".
Selon le ministre grec de la Politique migratoire, Yiannis Mouzalas, le nombre de ceux qui seront pris au piège dans le pays en mars s’établira entre 50.000 et 70.000 réfugiés et migrants, contre 22.000 actuellement. La Grèce risque effectivement de plonger dans le chaos.