Pourquoi les Kurdes syriens délaissent Washington pour Moscou

© AFP 2024 Bulent KilicMusa, a 25-year-old Kurdish marksman, stands atop a building as he looks at the destroyed Syrian town of Kobane, also known as Ain al-Arab, on January 30, 2015
Musa, a 25-year-old Kurdish marksman, stands atop a building as he looks at the destroyed Syrian town of Kobane, also known as Ain al-Arab, on January 30, 2015 - Sputnik Afrique
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La consolidation des relations entre les Kurdes syriens et Moscou a de quoi préoccuper l'Occident, selon un politologue américain.

Les Kurdes syriens ont toutes les raisons de se rapprocher de la Russie et non des Etats-Unis, écrit le politologue américain Morgan L. Kaplan dans le Washington Post.

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"Mercredi, une filiale du plus puissant parti kurde en Syrie, à savoir du Parti kurde de l'union démocratique (PYD), a ouvert sa première représentation à l'étranger, en Russie. Compte tenu du soutien militaire et politique reçu par le PYD des Etats-Unis, cette décision créera sans doute un choc et de l'embarras en Occident", écrit l'expert.

Cependant, si l'on examine la situation du point de vue de l'expérience historique des Kurdes syriens et de leurs intérêts cruciaux, il est clair que leur amitié avec Moscou est tout à fait justifiée du point de vue stratégique.

M. Kaplan présente plusieurs arguments qui expliquent, selon lui, pourquoi l'une des principales forces dans la lutte contre l'Etat islamique regarde du côté de Moscou et non de Washington.

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Premièrement, estime le politologue, les Etats-Unis et les Kurdes syriens n'ont en fait jamais été des amis. "Les Kurdes connaissent une riche et amère expérience de perte de leurs alliés extérieurs, et aucun acteur kurde ne misera jamais toutes ses cartes sur une seule option".

Ainsi, les Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du PYD créée en 2011, ne se sont assurées du soutien des Etats-Unis qu'en 2014, lors du siège de la ville de Kobané par des terroristes de Daech.

Washington, selon Morgan L. Kaplan, ne peut pas se résoudre à soutenir inconditionnellement les Kurdes syriens en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par Ankara. Les Etats-Unis ne veulent pas fâcher leur grand allié de l'Otan, la Turquie, explique l'expert.

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Deuxièmement, le Parti kurde de l'union démocratique espère sans doute construire des relations fructueuses avec Moscou, alors qu'il compte de moins en moins sur l'Occident.

Les Turcs essaient d'empêcher le PYD et la Russie de coordonner leurs activités avec le Etats-Unis, c'est pourquoi les Kurdes syriens et Moscou se considèrent comme des alliés importants tant contre la Turquie que contre l'EI, poursuit Morgan L. Kaplan. C'est la partie russe qui a appelé à impliquer les Kurdes syriens dans les négociations sur le règlement du conflit syrien à Genève, rappelle-t-il.

Qui plus est, les Etats-Unis sont connus pour leur imprévisibilité quant au choix des bénéficiaires de leur soutien. Les Kurdes ne font pas exception.

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Troisièmement, les Kurdes préfèrent Moscou à Washington parce que la Russie jouit d'une plus grande influence sur Damas et possède plus de leviers d'influence quant au règlement après-guerre.

Le PYD pourrait notamment espérer aboutir à un marché concernant son autonomie au sein de la Syrie.

"Poutine est sans aucun doute le principal allié de Bachar el-Assad, et c'est lui qui dispose du plus grand nombre de leviers d'influence capables d'aider les Kurdes à recevoir ce qu'ils revendiquent", pense le politologue. Les Kurdes se rendent compte qu'ils ne peuvent pas compter sur Washington en la matière.

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