Qu'est-ce que Alexandre Saïapine a à dire au journaliste occidental qui lui a rendu visite dans sa laiterie située à 150 milles (240 km) de Moscou? "Merci pour les sanctions!", rapporte Fred Weir du Christian Science Monitor.
Les sanctions dont parle cet homme (l'interdiction d'importer des aliments de l'UE) ont été imposées par la Russie en réponse aux mesures antirusses introduites par l'Occident il y a presque deux ans suite à la crise ukrainienne, rappelle le journaliste. Eh bien, la disparition des produits laitiers bon marché venus d'Europe lui a donné sa chance. Les consommateurs et investisseurs russes n'ignorent plus les fabricants russes, qui arrivent même à exporter.
Suite au désordre lié à la décollectivisation des fermes soviétiques géantes qui a duré plus de dix ans, le secteur agricole est tombé en ruines et la Russie est devenue dépendante des importations de produits alimentaires. Le nouveau code foncier adopté en 2001 a permis aux Russes de créer des sociétés privées mais le secteur se développait lentement. En 2012, le gouvernement a présenté un programme radical de subventions visant à aider les fermiers. Il prévoyait des prêts bon marché, le contrôle des prix des engrais, le soutien aux fabricants russes d'engins agricoles et le financement des éléments clés de l'infrastructure agraire.
La crise actuelle favorise probablement aussi la renaissance de la cuisine traditionnelle russe, note le journaliste. Les fabricants d'ingrédients traditionnels comme la betterave, le chou, le sarrasin, le tvorog (fromage frais de campagne de style russe) et le kefir (une sorte de yaourt fermenté) semblent avoir le vent en poupe.