Le document brosse le portrait du ministre saoudien de la Défense et vice-prince héritier Mohammed ben Salmane (29 ans), fils préféré du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, rapporte le quotidien britannique The Independent. Le prince est présenté comme un joueur politique qui cherche à déstabiliser le monde arabe à l'aide de guerres par procuration menées au Yémen et en Syrie.
Un ex-ministre d'un pays du Proche-Orient, qui a requis l'anonymat, a fait remarquer à ce sujet: "Dans le passé, les Saoudiens ont d'habitude annoncé ouvertement leurs intentions et lancé des avertissements lorsqu'ils voulaient renverser un gouvernement qui ne leur plaisait pas". Or, ces derniers temps, leur comportement a beaucoup changé.
Il convient pourtant de noter que le rapport du BND a eu un faible retentissement à l'extérieur de l'Allemagne. Cela s'explique visiblement par le fait qu'il a vu le jour le 2 décembre dernier, soit trois semaines après les attentats du 13 novembre à Paris lorsque les gouvernements et les médias du monde entier étaient concentrés sur les efforts à déployer pour combattre l'Etat islamique (EI). Le Royaume-Uni était alors plongé dans les débats portant sur l'utilisation de la Royal Air Force dans l'opération contre Daech en Syrie. Quant aux Etats-Unis, ils se trouvaient sous l'effet du choc causé par l'attaque d'un couple pro-EI contre un centre pour personnes handicapées à San Bernardino, en Californie.
Le BND cite les domaines où l'Arabie saoudite a adopté la politique la plus agressive et la plus guerrière. Au début de 2015, elle a encouragé la création en Syrie de l'Armée de la Conquête, formation réunissant principalement des combattants du Front al-Nosra, filiale d'Al-Qaïda. Au Yémen, elle a engagé une guerre contre le mouvement houthis et l'armée yéménite, guerre qui semble durer à n'en plus finir. Inutile de dire que tout ceci profite à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) que les Etats-Unis s'efforcent vainement d'affaiblir depuis des années au moyen d'attaques aux drones.
Aucune des aventures entreprises par le prince Mohammad à l'étranger n'a réussi, mais elles ont toutes renforcé sa position à l'intérieur du pays.
Tout cela n'a rien de surprenant: les relations irano-saoudiennes sont au plus bas depuis la mort, l'année dernière, de 400 pèlerins iraniens dans une bousculade à La Mecque.