Face à ses contradictions en matière de politique extérieure, le président François Hollande est obligé de faire un choix géopolitique, estime Thomas Flichy de la Neuville, historien et membre du Centre Roland Mousnier à l'Université de Paris IV — Sorbonne, interrogé par l'agence Sputnik.
Selon lui, le chef de l'Etat français est obligé d'infléchir sa position afin de la rendre plus réaliste vis-à-vis du Moyen-Orient. Cette inflexion signifie "entamer un dialogue constructif avec la Russie, avec l'Iran et avec la Syrie".
"Je pense que vis-à-vis de la Russie, avec laquelle les relations n'étaient pas bonnes jusqu'à très récemment, il y a une marche de progression très importante. Déjà, des mesures de coordination ont été prises entre la France et la Russie dans les produits techniques pour les frappes aériennes au Moyen-Orient. On peut penser que la visite de François Hollande à Moscou permettra d'approfondir cette coopération, de semer les premières graines de la collaboration fructueuse", a déclaré Thomas Flichy de la Neuville.
Selon lui, la Turquie a fait preuve d'irresponsabilité en abattant un avion militaire russe.
Il estime qu'Ankara a voulu mettre un obstacle au rapprochement — qui la terrorise — entre la France, les Etats-Unis et la Russie.
"La position de la Turquie représente d’abord un danger parce que la Turquie a voulu "punir" les pays de l'Union européenne de n'avoir pas mis au pas le régime de Bachar el-Assad. Et la punition a été qu’elle a ouvert les vannes de l'émigration" affirme Thomas Flichy de la Neuville.
"Je pense qu'il faudra du temps pour que le rapprochement géopolitique entre la France et la Russie (…) se traduise par un assouplissement des sanctions économiques, mais on peut s'attendre déjà à des gestes, d'autant plus que François Hollande est passé par l'Allemagne avant d'aller en Russie", a conclu l'historien français.
Pour Florent Parmentier, maître de conférences à Sciences Po et spécialiste en affaires publiques et en géopolitique européenne, les attaques terroristes du 13 novembre à Paris ont poussé les autorités françaises à modifier complètement l'ordre des priorités.
Interrogé par Sputnik sur la position de l'Allemagne dans la lutte contre ce fléau, Florent Parmentier a fait état d'une certaine réticence de la part de Berlin.
"Cette réticence s'explique essentiellement par des raisons d'ordre historique et de déploiement des forces. Le point essentiel évidemment tient au passé de l'Allemagne, à ses aventures militaires précédentes", a indiqué l'expert.
A titre d'exemple, il cite le cas libyen où "les Français et les Anglais étaient plutôt sur une ligne interventionniste, alors que l'Allemagne est restée très en retrait".
Il n'en demeure pas moins que cette crise ne doit pas réduire à néant les efforts axés sur la formation de cette coalition.
"La Russie reste un partenaire incontournable pour une opération militaire en Syrie. Je pense que c'est cela que le chef de l'Etat français a en tête", a conclu l'expert.