Créer de nouvelles alliances au nom de la lutte contre l'EI

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Des voix s’élèvent en Europe qui dénoncent les relations de bonne entente des pays de l’Union européenne avec des pays comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar, réputés pour la propagation d’une forme d’islam radicale et totalitaire. Les Verts et le FN appelaient récemment à se défaire des liens anciens noués avec ces régimes, l’UPR se joint à eux…

L'Europe est à la croisée des chemins. Confrontés à une menace terroriste plus que jamais importante, les pays de l'UE intéressés à en finir avec Daech, comme la France, sont devant un dilemme: s'allier avec des puissances qui veulent vraiment éradiquer le terrorisme ou rester "amis" avec les pays qui « nourrissent » ce terrorisme pour ne pas perdre quelques contrats avantageux. Un choix qu'il ne serait pas, semble-t-il, tellement difficile à faire pour des pays démocratiques. L'Arabie saoudite étant «un État qui bafoue les droits fondamentaux, qui crucifie, qui décapite, qui coupe les mains… », comme l'a indiqué au Parlement européen mercredi le chef de file des Verts Philippe Lamberts.

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Mais il y a le pétrole qui complique la donne. «Que voulez-vous, notre addiction au pétrole nous rend dépendants de gens comme cela», a déploré le chef de file des Verts devant les europarlementaires.
Selon Charles-Henri Gallois, Responsable national UPR des questions économiques et Tête de liste du parti en Bourgogne, la situation est d'autant plus paradoxale que le gouvernement français qui entretient de très bonnes relations avec les Saoudiens et les Qataris n'a jamais cherché à revenir aux sources du problème que représente Daech actuellement.

"C'est le grand paradoxe de l'action gouvernementale actuelle. On pleure sur les conséquences des attentats qui sont terribles…mais on ne s'interroge jamais sur les causes. Evidemment, notre politique étrangère a un rôle fondamental pour expliquer ces attentats. C'est dramatique mais on a aidé, formé, financé indirectement le terrorisme en soutenant l'opposition à B. al-Assad. Pour ce qui est de l'Arabie Saoudite et du Qatar, c'est encore pire… Et il y a une complicité fondamentale entre le Qatar et l'Arabie Saoudite et ce qui se passe en Syrie. Ces pays-là financent la mouvance salafiste, la mouvance la plus radicale de l'islam, et en plus sont des facteurs de la déstabilisation de la Syrie. Comme le dis le juge antiterroriste Marc Trévidic, prétendre lutter contre le terrorisme en serrant la main du roi de l'Arabie Saoudite, c'est un peu comme si on prétendait lutter contre le nazisme en invitant Hitler à sa table", a signalé Charles-Henri Gallois dans une interview à Sputnik.

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Les écologistes ne sont pas les seuls à appeler l'Europe et plus particulièrement la France à repenser leur alliance avec l'Arabie Saoudite et le Qatar. Ces pays popularisant une forme d'islam « la plus totalitaire, la plus fasciste du monde», d'après l'eurodéputé Philippe Lamberts. Lors de la séance du parlement européen mercredi, Marine Le Pen a également pris la parole pour rappeler à ses collègues que l'ennemi commun était bien le fondamentalisme islamiste. Nommer clairement l'ennemi « ça oblige à remettre en question un certain nombre d'amitiés internationales, ça oblige à se poser la question de savoir si on peut continuer à avoir comme alliés l'Arabie saoudite et le Qatar», a lancé la présidente du Front national à Strasbourg. Elle a ensuite proposé que l'Europe « change ces alliances ». Tous ceux qui luttent contre le fondamentalisme islamiste doivent être considérés comme des alliés, sans aucune réserve. Cela passe par l'Égypte, les Émirats arabes unis, la Russie, l'Iran», a-t-elle conclu. Marine Le Pen a appelé également à s'interroger sur «l'ambiguïté de la Turquie à l'égard du fondamentalisme islamiste» qui s'est révélé clairement après l'incident avec un avion russe abattu par les Turcs à la frontière turco-syrienne.

Le représentant de l'Union populaire républicaine (UPR) Charles-Henri Gallois propose d'aller plus loin au niveau national et retirer la France de l'Otan.

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"Ça nous parait (à l'UPR) même de bon sens sur les dossiers actuels comme le dossier syrien, de coopérer avec la Russie. Cela nous semble être une aberration de ne pas le faire. La France devrait plus que jamais sortir de l'Otan, comme le réclame l'UPR. Puisqu'on voit bien avec l'avion militaire russe qui a été abattu par le gouvernement turc qu'être dans l'OTAN est un appel à la guerre", a fait savoir M. Gallois.

Pour certains hommes politiques ainsi que pour des experts européens qui deviennent d'ailleurs de plus en plus nombreux à déclarer haut et fort qu'il faut réviser la coopération avec les deux monarchies pétrolières, ces dernières incarnent Daech qui a réussi. L'idée a été lancée par Éric Zemmour en mai 2015 et relayée ensuite par plusieurs médias français. D'ailleurs rien n'a changé dans les relations entre la France et ces pays depuis. Au contraire, cette année la France a eu un vrai succès dans sa « diplomatie économique ». L'achat par Riyad de 23 hélicoptères Airbus H 145 en été, pour une valeur d'environ 500 millions d'euros a été suivi en octobre par l'annonce de 10 milliards de contrats avec l'Arabie saoudite par M. Valls. Et cela sans parler des contrats conclus cette année avec le Qatar.

« Dans sa lutte contre le terrorisme, l'Occident mène la guerre contre l'un tout en serrant la main de l'autre », lit-on dans un nouvel article qui a paru récemment sur la Toile et qui reprend l'idée de Zemmour.

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Charles-Henri Gallois appelle la France à faire enfin le bon choix en estimant que la victoire sur l'ennemi numéro un qu'est l'Etat islamique sera beaucoup plus avantageuse pour les Français que tous les contrats conclus avec l'Arabie Saoudite et le Qatar ces derniers temps.

"Il faut savoir ce qu'on veut. On niveau moral on ne peut pas appuyer Bachar al-Assad mais au niveau de la morale ça les dérangeaient pas (ndlr. Hollade et Fabius) de recevoir de l'argent de Doha et Riyad. Déjà là il y a une contradiction qui me paraît majeure. On pourrait perdre, certes, quelques contrats avec le Qatar et l'Arabie Saoudite… mais à l'échelle de tout le commerce international français, ce n'est pas cela qui va mettre la France à terme. Au bout d'un moment il faut savoir ce que l'on veut, si on veut vraiment lutter contre Daech…", a conclu M. Gallois.

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