Les pays du Vieux Continent ne s'empressent pas de partager leur gaz pour autant, ni n'affichent leur volonté d'accorder de nouveaux prêts à l'Ukraine. On ignore ce qu'espère vraiment le président ukrainien Petro Porochenko, qui n'a pas d'argent pour acheter du gaz — russe ou européen (d'origine russe en grande partie). Pour rassurer la population, Kiev distribue de généreuses promesses, comme par exemple celle de réduire le prix du gaz à l'intérieur du pays. Mais on constate plutôt l'inverse: depuis le début de l'année, le tarif du gaz en Ukraine a été multiplié par 5,5. Et cette tendance est irréversible.
Quoi qu'il en soit, fin 2013, quand Viktor Ianoukovitch était au pouvoir, le gaz coûtait à l'Ukraine 485 dollars les 1 000 mètres cubes. Aujourd'hui, ce tarif est presque deux fois plus bas, à 250 dollars.
Deuxièmement: il faut remplir les caisses du budget et la hausse des tarifs énergétiques est un moyen d'atteindre cet objectif.
La troisième cause est politique, et non économique.
Le prix du gaz russe continuera d'augmenter en Ukraine, mais cela ne sera plus dû aux différends politiques entre Moscou et Kiev, ou de la Russie avec Bruxelles et Washington.
Le transit du gaz russe via l'Ukraine est calculé en dollars. La maintenance des réseaux locaux est également effectuée en dollars (ils appartiennent à l'Ukraine mais de facto sont pris en charge par la Russie). La quantité de gaz russe achetée et payée par l'Ukraine suffira pour tenir seulement cinq jours. Autrement dit, d'ici la fin de la semaine, les réserves de Naftogaz seront épuisées.
Les nouvelles négociations trilatérales entre Moscou, Bruxelles et Kiev sont forcées et il ne sera bénéfique pour personne de les repousser. Chaque partie attendra un résultat: la Russie voudra le paiement du gaz par Kiev, l'Ukraine désirera soit l'indulgence de Moscou, soit un nouveau prêt de l'UE, et les pays européens souhaiteront un compromis… qui devrait leur coûter assez cher.