En réalité, le gouvernement ukrainien mène plutôt une politique d'hypercentralisation et de concentration des pouvoirs entre les mains du président Piotr Porochenko.
Plus encore, le décret du parlement marque seulement le début du processus d'adoption d'amendements à la Constitution ukrainienne. En vertu de cette dernière, la prochaine session parlementaire devra adopter la nouvelle loi à au moins deux tiers des voix pour qu'elle entre en vigueur. Cependant, comme le montre le vote du lundi 31 août, les autorités ukrainiennes n'ont pas les deux tiers des voix au parlement et la réforme constitutionnelle actuelle est déjà remise en question. Les autorités de Kiev, de manière toujours aussi pernicieuse, pourront montrer leur bonne volonté aux garants européens des accords de Minsk par ce décret insignifiant du parlement, avant de reprendre leurs vieilles habitudes.
Les accords de Minsk sous-entendent un cessez-le-feu et le retrait des armements lourds du front. De plus il est nécessaire, "dès le premier jour suivant le retrait, d'entamer un dialogue sur les modalités d'organisation des élections locales conformément à la législation ukrainienne et à la loi ukrainienne sur règlement temporaire de l'autogestion sur certains territoires des régions de Donetsk et de Lougansk, ainsi que sur le futur régime administratif de ces territoires en vertu de la loi mentionnée".
Les efforts de la France et de l'Allemagne pour régler la crise dans le Donbass ont échoué. Porochenko écoute avec beaucoup de plaisir les déclarations sur la nécessité de respecter les accords de Minsk, mais la réforme constitutionnelle actuelle ne contient aucune mesure réelle pour l'application des accords.
Que faire, donc, dans une situation où Kiev semble miser sur un règlement du conflit par la force tout en refusant de respecter les accords de Minsk? La centralisation du pouvoir en Ukraine et l'intention des autorités d'allouer de plus en plus d'argent à la défense montrent que le pouvoir en place veut transformer l'Ukraine en État militarisé.