Le président de l'Union internationale du gaz et du 26e Congrès mondial du gaz Jérôme Ferrier interviewé par la Radio Sputnik, s'est dit optimiste sur le futur des relations gazières entre l'Europe et la Russie. « L'Europe continue d'avoir des besoins et il n'y a pas d'alternative durable, massive, à court et moyen termes. La Russie continue d'avoir besoin de ses clients et de montrer toute la fiabilité dans la fourniture des quantités [actuelles]. L'Europe a besoin durablement du gaz russe… », a-t-il déclaré. Monsieur Ferrier a précisé que, dans le cadre de Turkish Stream, le tuyau « s'est trouvé opportunément redirigé vers un marché dont on peut penser qu'il aura des besoins nouveaux qui s'exprimeront avant le reste du continent européen ». Mais, toujours d'après le président du Congrès, le sens du message adressé par la Russie à l'UE est clair: « Aujourd'hui vous n'avez pas ces besoins additionnels [en gaz], cependant si vous les avez demain et si vous voulez à nouveau de notre gaz russe en quantités additionnelles, il suffira de construire le raccordement nécessaire et vous pourrez accéder à ces quantités sous réserve des contrats qui auront été négociés à ce moment-là ».
Les grandes zones qui vont exprimer des besoins significatifs en gaz naturel dans les années qui viennent sont la Chine, l'Inde, le Moyen-Orient et l'Afrique. L'Europe qui subit actuellement les effets négatifs de la crise, qui est sur des taux de croissance faibles et en même temps concentrée sur les énergies renouvelables, n'éprouve pas un fort besoin de combustible bleu. Mais le gaz naturel est à juste titre considéré par les experts du secteur dont M. Ferrier comme une solution aux défis climatiques auxquels le monde est confronté aujourd'hui. Le gaz représente une énergie fossile la moins polluante et, comme le souligne Jérôme Ferrier, peut accompagner intelligemment le développement des énergies renouvelables et permettrait de réduire la consommation de charbon.
Mais pour le moment, l'UE a à régler le fastidieux problème des livraisons de gaz russe via l'Ukraine. Le risque de coupure et de diminution des livraisons du gaz vers l'Europe demeure car l'Ukraine ne cesse de compromettre sa fiabilité. Il est aujourd'hui question de l'élaboration d'un nouveau accord gazier entre la Russie, l'UE et l'Ukraine que ces pays vont discuter lors de la rencontre trilatérale annoncée pour la fin du mois de juin. La Russie est ouverte au dialogue et envisage de convaincre ses partenaires européens de noter noir sur blanc les engagements de l'Ukraine, à savoir le dépôt de gaz dans les réservoirs souterrains ainsi que la responsabilité financière de l'UE vis-à-vis de Kiev quant aux achats du gaz.