Nous estimons que la Russie devrait à long terme être intégrée dans l'architecture sécuritaire européenne et qu'il n'y a pas besoin d'un système sécuritaire orienté sur une confrontation avec la Russie.
Nous croyons qu'une pacification est nécessaire en Ukraine et que l'Europe ne doit pas rompre ses relations avec la Russie, et la Russie, à son tour, doit s'abstenir de démarches qui minent la confiance dans ses relations avec l'Union européenne.
Le 29 janvier 2015, sur notre proposition, qui a été soutenue par tous nos partenaires, l'Union européenne n'a pas adopté les sanctions sectorielles élaborées par une structure correspondante de l'UE. Aujourd'hui, nous nous abstenons toujours d'adopter des sanctions sectorielles. Les autres sanctions ont été décrétées bien avant la formation de notre gouvernement. Nous estimons en général que les sanctions ne sont pas un instrument efficace. Nous devons nous rappeler l'expérience de la Grèce, qui a imposé des sanctions et un embargo à l'encontre de la République de Macédoine, et comme vous le savez, ces mesures n'ont profité qu'à des oligarques impliqués dans le trafic illégal des matières premières.
Lors d'une rencontre avec le président chypriote Nikos Anastasiades, le premier ministre grec Alexis Tsipras a déclaré que la Grèce et Chypre pourraient jouer le rôle de "pont de la paix" entre la Russie et l'UE. Quelles sont les perspectives d'une telle idée?
La Grèce et Chypre font partie de l'Union européenne et nous ne nous considérons pas hors de l'UE, mais dans le même temps nous sommes deux pays qui ont de puissants liens culturels, historiques et traditionnels avec les pays des BRICS. Nous sommes surtout liés à des pays tels que l'Inde, la Chine et la Russie avec laquelle nous avons toujours maintenu de profonds rapports historiques, culturels et religieux.
En décembre 2014, la Russie a renoncé au projet South Stream. Aujourd'hui, le géant énergétique russe Gazprom et ses partenaires turcs envisagent la mise en place de Turkish Stream avec un terminal gazier à la frontière entre la Grèce et la Turquie. Qu'attend la Grèce de ce nouveau projet?
Donald Tusk a dit que la Grèce ne pourrait résoudre ses problèmes financiers qu'avec le soutien de l'Union européenne et des institutions financières internationales, en raison de l'absence de propositions d'assistance de la part de la Russie ou de la Chine. Le gouvernement grec envisage-t-il à solliciter une aide financière russe ou chinoise?
Quelle est l'attitude actuelle de Bruxelles envers la Grèce? Est-ce que selon vous Bruxelles prête l'oreille à la voix d'Athènes?
Je dirais qu'au cours de ces cinq dernières années, la Grèce n'a pas eu de voix à Bruxelles, et Bruxelles n'a pas eu d'oreilles pour l'entendre. Je pense que depuis le 29 janvier, lorsque nous discutions de sanctions sectorielles contre la Russie, les oreilles des Européens se sont ouvertes, et nous contribuons aujourd'hui à la formation de la politique européenne.