La Russie est l’ennemi numéro un des USA

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Les Etats-Unis ont ouvert la boîte de Pandore en délibérant des démons-terroristes dans le monde entier. La nouvelle doctrine US de sécurité nationale est plus que jamais agressive, contrairement à ce qu'a annoncé le président américain Barack Obama. Sans surprise, elle a pour cible la Russie.

Avions américain - Sputnik Afrique
Etats-Unis: la "menace russe" profite à l'industrie militaire
« L'ambition ne change pas, ce sont les moyens qui changent, nous a confié Thomas Snégaroff, directeur de recherche à l'IRIS, spécialiste des questions géopolitiques et des États-Unis. Dans un contexte budgétaire difficile, on sait que les Etats-Unis ont été frappés d'une crise très difficile, les sondages montrent que les Américains sont de moins en moins favorables à des guerres. Cela tient, bien sûr, à l'échec ou au semi-échec en Afghanistan ou en Irak. A partir de 2009, quand Obama a été réélu, mais surtout à partir de 2012-2013, le président américain a progressivement proposé une nouvelle doctrine de défense (présentée, notamment, en janvier 2012) qu'on pourrait résumer par la volonté de s'appuyer davantage sur les alliés afin de share the burden (partager le fardeau) ce qui permettrait aux Etats-Unis de lead from the behind (diriger depuis l'arrière).
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Expert: les Etats-Unis, un empire en décomposition

Il s'agit de limiter les coûts économiques et politiques parce que les Américains ont très bien conscience que d'intervenir militairement partout a mis à mal leur image dans le monde entier, notamment, dans le monde arabo-musulman. Il s'agit également de limiter les coûts humains parce que l'opinion publique américaine est de plus en plus réticente à envoyer des hommes sur le sol. S'y ajoute aussi un effort considérable sur les coalitions, comme, par exemple, celle contre le Daesh. La nouvelle doctrine américaine de sécurité internationale peut se résumer par les mots de John Kerry qu'il avait employés pour la Syrie: no boots on the ground (pas de bottes sur le sol). Les Américains veulent mettre fin à l'unilatéralisme des années 2000 sous Bush, même si, en réalité, il s'agit toujours de l'unilatéralisme mais avec des alliés ».

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Time: USA et UE peinent à cacher leurs divergences sur l'Ukraine

C'est un oxymore: affichant une volonté d'explorer des moyens non-militaires pour régler les conflits, les Etats-Unis font grimper leurs dépenses militaires à 561 milliards de dollars! A savoir, le budget militaire de la Russie qu'on accuse de tous les péchés mortels est de 42 milliards de dollars. Plus loin: les Américains prévoient de fournir 51 millions de dollars d'aide à la Géorgie et la Moldavie et une aide de 117 millions de dollars à l'Ukraine pour qu'elles puissent « contenir les actes d'agression de la Russie ». Sans parler du renforcement progressif du potentiel otanien près des frontières russes et de l'obligation des pays membres de porter leurs dépenses militaires à au moins 2% du PIB. Comment peut-on « plaider le pacifisme manu militari »? Thomas Snégaroff nous a décortiqué la situation.

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Le chant de cygne d’Obama ou sa doctrine militaire ?
« La hausse votée dans le dernier budget vient contrarier le tableau de la diplomatie américaine depuis quelques années. Nous sommes dans un temps un peu particulier. La menace de l'Etat islamique et la crise ukrainienne ont rouvert la question militaire aux Etats-Unis. Certes, Obama a été réélu en 2009 pour sortir les Américains de la guerre, il a même obtenu le prix Nobel de la paix. L'Amérique espérait un monde sans menaces à ses propres intérêts. Or, depuis quelques mois, la géopolitique ressort au premier plan, d'abord, avec l'Etat islamique, la Syrie, puis avec la question ukrainienne. Bien sûr, il n'y a pas de menace directe sur le sol américain, mais la diplomatie américaine considère que c'est de son devoir que d'intervenir militairement davantage dans l'Etat islamique.
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USA: faire face à la Russie, à l'EI et à Ebola

Il y a une semaine, Barack Obama a annoncé qu'il était prêt à lancer des hostilités de plus grande importance sur au moins trois ans contre l'Etat islamique. Les Américains considèrent que c'est leur enjeu: des sondages récents prouvent que plus de 80% pensent que l'Etat islamique peut un jour frapper sur le territoire américain. La question ukrainienne est plus complexe. Du point de vue personnel, je pense qu'il n'y a pas de danger direct pour les Etats-Unis qui jouent un bras de fer avec la Russie. Et là, c'est moins Barack Obama que les républicains qui veulent armer le régime de Kiev afin de contenir l'avancée des « séparatistes » prorusses de l'Est ».

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Obama reconnaît que le Maïdan est l'œuvre de Washington
Le conflit ukrainien est la première opération militaire lancée par les Etats-Unis près des frontières russes (Barack Obama a officiellement reconnu avoir financé le Maïdan). Après avoir échoué à provoquer voire à compromettre la Russie dans le conflit Géorgie-Ossétie du Sud en 2008, les Etats-Unis s'en sont pris à un autre champ propice qui est le sol ukrainien. Les enjeux stratégiques sont traditionnels: implanter des bases de l'OTAN à la frontière russe et encercler militairement la Russie.
Pour le moment, Obama ne fait que brandir les armes au nez de Poutine. 24 heures après le sommet de Minsk, le président américain se déclare disposé à livrer des armes létales à Kiev et les leaders européens imposent un nouveau lot de sanctions contre la Russie.
Ukrainian military vehicles drive towards Debaltseve on the outskirts of Artemivsk, eastern Ukraine, Sunday, Feb. 8, 2015 - Sputnik Afrique
"Livrer des armes à Kiev serait une folie", selon l'ex-ambassadeur des USA

Quelle est la réaction de Poutine? Sachant que personne n'est intéressée ni à une confrontation entre deux puissances nucléaires, ni à une guerre mondiale, il poursuit toujours la voie pacifique, la seule valable pour toutes les parties. La France et l'Allemagne, longtemps inféodées aux Etats-Unis, rouvrent finalement les yeux, se rendent à Moscou puis à Minsk, s'engagent à surveiller l'application du cessez-le-feu dans le Sud-Est ukrainien et au moindre soupçon entament des négociations téléphoniques avec Poutine (et non Obama).

Bref, on peut dire que la Russie, ennemi numéro un des Etats-Unis, sort vainqueur de cette confrontation implicite.

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