Pendant ce temps, l'Union européenne tente de comprendre comment vont évoluer les relations entre Athènes et Bruxelles et quelle sera la monnaie utilisée par les Grecs à l'avenir. Les chances de sortie des Grecs de la zone euro sont estimées à 50/50.
Prokopis Pavlopoulos, du centre-droit, partait favori: sa candidature a été avancée par la coalition au pouvoir dominée par le parti de la gauche radicale Syriza, dont le leader est le premier ministre Alexis Tsipras. Le choix d'un politicien de droite pourrait donc sembler étrange, mais finalement pas plus que l'alliance des collaborateurs de Tsipras, au sein de la coalition dirigeante, avec le parti de droite des Grecs indépendants. Le pays semble s'unir sous le slogan de Syriza: "Non à une politique de réduction des dépenses publiques menée par les gouvernements précédents depuis cinq ans". Et cette cohésion effraie de plus en plus l'UE.
La gauche grecque, appuyée par la société, prône la révision des relations financières avec l'UE — l'annulation ou la restructuration d'une partie des dettes du pays dont le remboursement, rappelons-le, est la cause des réductions des dépenses publiques en Grèce. La plupart des membres de la zone euro, l'Allemagne en tête, refusent d'accepter les conditions de Tsipras.
Le second programme d'aide pour le pays expire le dernier jour de février, après quoi la Grèce fière et indépendante restera seule face à ses problèmes. La troïka des créanciers — la Commission européenne, la BCE et le FMI — voudrait conclure un accord avec Athènes sur un troisième programme de crédits, bien plus réduits par rapport aux prêts antérieurs. Cela ne convient pas à la Grèce, qui considère les deux programmes comme erronés, voire désastreux.
Les négociations de lundi entre les ministres des Finances de l'UE et leur homologue grec ont échoué: le ministre grec Yanis Varoufakis est probablement l'homme le plus populaire de Grèce aujourd'hui. Cependant, en dépit des déclarations concernant l'existence d'un plan en cas d'échec des négociations avec les créanciers et l'UE, ou encore les menaces de trouver l'argent en dehors de l'UE, il n'y a pas d'alternative à la dure réalité — dès mi-mars la Grèce pourrait annoncer un défaut de paiement en l'absence d'aide extérieure.
Si la Grèce quittait la zone euro, sa monnaie serait immédiatement dévaluée pour payer les dettes. Cela réglerait les problèmes du pays pour un certain temps, mais l'unité de l'UE subirait un fort préjudice aux conséquences imprévisibles.