La dernière réunion extraordinaire de l'Eurogroupe, le 11 février, n'avait débouché sur aucun résultat: le ministre grec des Finances Janis Varoufakis avait proposé un programme controversé pour l'annulation d'une grande partie de la dette de 240 milliards d'euros, mais n'avait pas réussi à trouver le soutien de ses homologues européens. Si les parties ne tombaient pas d'accord d'ici le 28 février, date d'échéance du programme d'aide financière de la troïka des créanciers internationaux (Commission européenne, FMI, BCE), Athènes et Bruxelles risqueraient de s'engager sur la voie d'un "divorce" économique et monétaire — un défaut inévitable de la Grèce et sa sortie de la zone euro.
Toutefois, la marge de manœuvre du nouveau premier ministre grec et chef du parti de la gauche radicale Syriza, Alexis Tsipras, qui est arrivé au pouvoir fin janvier avec la promesse de réduire la dette grecque "insurmontable", est très limitée. S'il n'obtenait pas de concessions sérieuses de la part des créanciers et était contraint de faire marche arrière sur la majeure partie de son programme de campagne, l'électorat grec ne comprendrait certainement pas.
Cependant, les créanciers de la Grèce ne peuvent pas non plus annuler simplement ses dettes ou constater des pertes considérables (les pertes de l'Allemagne sont estimées à 65 milliards d'euros), créant ainsi un précédent pour d'autres pays débiteurs de l'UE. De plus, les détenteurs européens d'obligations grecques ne sont pas prêts de permettre à Athènes de renoncer complètement aux engagements pris pour procéder aux réformes structurelles nécessaires, jugées douloureuses par les experts, pour poser les bases d'une relance économique.
Les autorités grecques sont persuadées que les négociations d'aujourd'hui seront difficiles, mais qu'il est tout de même possible de trouver un terrain d'entente.
Et il n'a pas tort. La veille, une troisième manifestation s'est déroulée en plein centre d'Athènes pour soutenir le gouvernement grec. Des manifestants ont également défilé dans les rues de Thessalonique, de Volos et de Patras. Des actions de solidarité avec les autorités grecques se sont tenues dans certaines capitales européennes.