Afrique en marche

"Il est tout à fait légitime que chacun des pays africains pense à avoir sa propre monnaie"

Dans cette édition Akli Moussouni, directeur des programmes du cabinet CIExpert, à Alger, analyse les politiques de développement africaines, nationales et continentales, dans le contexte de la crise financière internationale. Il identifie leur potentiel humain et matériel ainsi que leurs lacunes, qui devraient être comblées.
Sputnik
"En ces temps de crise financière et monétaire internationale du système dollar, il est tout à fait logique que l’or, ou tout autre métal rare et stratégique, devienne une valeur refuge pour tous les détenteurs de capitaux sur les marchés financiers", affirme à Radio Sputnik Afrique Akli Moussouni, expert algérien en politiques agricoles, directeur des programmes du cabinet CIExpert, à Alger. Néanmoins, en ce qui concerne l’Afrique, "cela n’aura pas un très grand avantage pour les économies du continent, étant donné que le total de toute la quantité d’or dont disposent les pays africains ne dépasse pas les 2% du stock mondial".
Et de suggérer que "les Africains ont besoin de politiques de développement nationales ambitieuses et courageuses axées sur la construction des infrastructures de base : eau, énergie, routes, fret ferroviaire, ports, aéroports, écoles, universités, hôpitaux et laboratoires… le tout avec le souci majeur de former avec une haute qualification sa main d’œuvre dans tous les domaines et à tous les niveaux. Comme deuxième étage nécessaire de cette stratégie, les pays africains devraient penser à mettre sur pied des politiques de développement complémentaires, voir communes, au niveau continental. Les Africains sont tenus de marcher ensemble s’ils veulent avancer vite et d’une manière efficace afin de donner au continent la place qu’il mérite dans le concert des Nations. Pour ce faire, il faudrait réhabiliter la planification indicative sur de nouvelles bases rationnelles et de nouvelles méthodes plus efficaces".
Afin d’assoir leur souveraineté économique, "il est tout à fait légitime que les pays africains, notamment ceux qui sont membres de la zone du franc CFA, pensent à avoir leur propre monnaie à même de leur permettre de lancer des politiques de développement à marche forcée", estime Akli Moussouni. Cependant, selon lui, "comme cette problématique est très sensible, il y a lieu d’observer la plus grande prudence dans l’établissement d’une monnaie commune, à l’instar de celle annoncée par les pays du Sahel, en étudiant en profondeur les causes de l’échec de l’union monétaire européenne autour de l’euro, qui à bien des égards ressemble au système soviétique. Il est plus judicieux de commencer par le développement physique, aussi bien sur le plan national que continental, avant d’entamer la question de l’union monétaire qui dans ce cas de figure ne serait que la dernière étape d’une politique d’intégration continentale réelle".
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