Marché en main

Les agences de notation du Sud global "dérangent" l’Occident, selon un conseiller financier suisse

Les agences de notation prennent-elles des " décisions mal informées " qui nuisent au financement des États africains ? Quelles initiatives existent pour proposer un autre point de vue sur la solvabilité des États ? François Meylan, conseiller financier suisse, analyse les problèmes des évaluations de Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s.
Sputnik
Sur les ondes de Sputnik Afrique, François Meylan, ancien officier de renseignement militaire, chef d’entreprise et conseiller financier suisse, décrypte ce qui ne va pas avec les grandes agences de notation américaines et ce que le Sud global entreprend pour proposer d’autres références dans l’évaluation financière.
"Que ce soit des décisions prises sur la base d’informations non vérifiées, cela ne m’étonne pas. […] Cela touche en particulier toute la sphère de la finance en général où on a depuis des années des bataillons, des divisions de juristes qu'il faut grassement payer et qui nous sortent des protocoles, des documents et des formulaires. […] Tous les acteurs des grandes places financières restent de plus en plus longtemps derrière leur écran, au bureau. Et cela ne m'étonne pas qu'il y ait une désinformation, donc une méconnaissance des situations particulières africaines", indique d’abord M.Meylan.
"C’est une question d’honnêteté. […] Il n’y a plus d’honnêteté, il n’y a plus de confiance, il n’y a plus de transparence. C'est là le grand problème. Lehman Brothers et la crise des subprimes de 2008, c'est une crise de valeurs, mais pas de valeurs boursières. Oui bien sûr, dans les faits, c'est des valeurs boursières. Mais c'était une crise de valeur suprême, l'honnêteté. Et… rien n'a changé", affirme le chef d’entreprise et conseiller financier suisse.

"L'Occident a perdu le monopole de la puissance, mais pas de la puissance seulement militaire, la puissance diplomatique, la morale, puisque l'Occident a pratiqué la morale à double standard beaucoup trop longtemps. Et il y a un basculement aujourd'hui des équilibres. Il y a un basculement des avis, des prises de décision", juge-t-il.

Sur la création d’agences de notation pouvant devenir des références comme les grandes agences américaines, M.Meylan lance que "le principal obstacle, c'est la reconnaissance des différents acteurs du marché. C'est à dire que Dagong, qui est efficace mais qui a encore de la peine à être reconnu en Occident parce qu'ils sont chinois, et parce que s’ils étudient les comptes, les livrets des comptes d'État français, ils ne vont sûrement pas faire comme Fitch, ils ne vont sûrement pas déclasser la dette française d'un cran. Ils vont sûrement la déclasser de trois à quatre crans d'un coup. Donc ils dérangent".
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