Le Niger appuie là où ça fait mal. En froid avec l’Union européenne, le chef d’État nigérien Abdourahamane Tchiani a remué le couteau dans la plaie en abrogeant une loi criminalisant le trafic de migrants.
Cette loi de 2015 prévoyait des poursuites pour tout Nigérien facilitant le transport de migrants étrangers vers le nord, en particulier vers la Libye et l’Algérie. Le texte avait été adopté à la demande expresse de Bruxelles, pour tenter de maîtriser les flux migratoires toujours plus conséquents aux portes de l’Europe.
Crise migratoire
L’Europe est confrontée depuis plusieurs années à des vagues migratoires venues d’Afrique. Le phénomène s’est encore accentué avec la déstabilisation de la Libye en 2011, dans le sillage de l’opération de l’Otan contre le dirigeant Mouammar Kadhafi. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, l’avait d’ailleurs récemment rappelé, rejetant en partie la faute sur la France, qui avait ardemment soutenu cette opération militaire.
Certains migrants originaires du Cameroun ou du Nigeria transitent par le Niger, qui est devenu une plaque tournante de ces trafics en vertu de sa longue frontière avec la Libye. Fin 2022, les forces nigériennes avaient d’ailleurs arrêté un Libyen soupçonné d’avoir fait passer ainsi une soixante de migrants par semaine pendant sept ans.
Ces crises migratoires handicapent certains pays du Maghreb, qui voient arriver à leurs portes d’importants flux de population subsaharienne. Le Président tunisien, Kaïs Saïed, avait d’ailleurs créé la polémique fustigeant des "hordes de migrants clandestins" qui perpétuaient, selon lui, "des violences et des crimes" dans le pays. Des propos qui avaient provoqué l’indignation de l’Union africaine.