"Sortir de l’emprise occidentale" ensemble, telle est la leçon de la Confédération de SénéGambie

Il y a 42 ans, la création de la Confédération de SénéGambie était annoncée. La création de cette alliance faisait partie de la vision grandiose des partisans du panafricanisme. Un expert sénégalais établit pour Sputnik Afrique des parallèles avec la situation actuelle.
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La Confédération sénégambienne, dont la création a été annoncée il y a 42 ans à Banjul, capitale de la Gambie, "a été le modèle le plus abouti" des différentes fédérations ou confédérations mises en place en Afrique. Son apparition montre que les Africains comprenaient déjà qu’ils devaient s’unir pour sortir de l’emprise occidentale, a déclaré à Sputnik Afrique Djibril Gningue, analyste politique, responsable de l’unité de recherche paix et sécurité du Groupe de recherche et d’appui pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (GRADEC).
"C'est positif de voir que les pays africains se sont rendu compte qu'il fallait mettre l'accent sur le développement. Cela a donc permis d'accélérer et de raffermir davantage l'unité, de passer de la lutte pour la décolonisation à la lutte maintenant pour le développement, pour la sécurité, la pacification du continent", a-t-il indiqué.
Il a rappelé le contexte historique dans lequel la Confédération de SénéGambie a été créée et a disparu. C’était l’époque de la Guerre froide. Après la chute du mur de Berlin en Europe (1989) et l’affaiblissement des pays de l’Est suite à l’effondrement de l’URSS en 1991, est venue une période de construction de l'hégémonie occidentale.
Celle-ci "a reposé sur un certain nombre de facteurs comme la dollarisation de l'économie mondiale, la baisse ou la faillite du multilatéralisme et l'augmentation des taux d'intérêt et les plans d'ajustement. Tout cela a mis à genoux complètement les pays africains". "Ces luttes coloniales ou intercoloniales ont tout fait pour mettre à genoux les pays africains, pour continuer à les diviser et à les soumettre", a-t-il estimé.
Selon l'analyste sénégalais, "même si les pays africains aujourd'hui ne se sont pas totalement dégagés de l'influence occidentale, il y a eu un certain nombre de progrès vers une plus grande autonomie et une plus grande indépendance des pays africains". Ces progrès ont surtout été faits au niveau de l'Union africaine (UA), à son avis.

Accélérer l’unification en Afrique

D’ailleurs, de nos jours, malgré la nécessité de s’unir pour devenir plus indépendants sur la scène internationale, les pays africains n’y pensent forcément pas. Pourquoi? "Au sein de certains États, il y a une transition politique entre les indépendances formelles et l'indépendance réelle, la souveraineté totale", analyse l’expert.
Cela s’explique par le fait que la plupart des pays du continent dépendent "pour 70-80% des économies occidentales", estime-t-il. "Maintenant, c'est à travers les multinationales" que les pays occidentaux cherchent à contrôler l’Afrique et "même certains pays émergents qui viennent pour exploiter les économies africaines", précise M.Gningue .
"Il faudrait que les pays africains accélèrent leur unification. Il y a eu la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF) qui a été mise en place en 2013 et qui avait pour objectif d'arriver à 57% de commerce intra-africain en 2023. En 2023, cet objectif n'a pas beaucoup évolué parce que le commerce intra-africain se trouve aujourd'hui au niveau de 14% [...]. Mais si finalement cet objectif est atteint, ça permettrait au continent africain de se dégager quasiment, pour une bonne partie, de l'influence néocoloniale occidentale, etc., et de prendre son destin en main", a-t-il expliqué.

Confédération de SénéGambie

La Confédération de SénéGambie a associé entre 1982 et 1989 deux pays d'Afrique de l'Ouest, le Sénégal et la Gambie, afin de promouvoir leur coopération, surtout dans le domaine des affaires étrangères.
Le pacte a été officiellement annoncé le 14 novembre 1981 lors d'une cérémonie à Banjul, capitale de la Gambie. Signé le 17 décembre 1981 par le Président du Sénégal Abdou Diouf et son homologue gambien Dawda Jawara, le traité est entré en vigueur le 1er février 1982.
En août 1989, la Confédération a été gelée à la demande d'Abdou Diouf, avant d’être dissoute le 30 septembre 1989 à la demande du Sénégal, car des intérêts trop divergents séparaient les deux pays.
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