L’Afrique boit du petit lait. Avec son marché prometteur, le continent voit de nombreux exportateurs se tourner vers lui, comme la Russie, qui espère y trouver un débouché pour ses produits laitiers.
L’Algérie et l’Égypte sont aujourd’hui les clients à privilégier, mais Moscou a des vues sur le reste du continent, a expliqué Artem Belov, directeur général de l'Union nationale des producteurs de lait, dans le cadre de la Semaine agraire sibérienne à Novossibirsk.
"Si nous parlons des pays hors CEI, alors trois régions sont prioritaires: l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-Est. Au sujet de l'Afrique, la priorité va aux pays les plus solvables, et les plus importants en termes de volumes de consommation. Il s'agit de l'Algérie, de l'Égypte et peut-être d'un certain nombre d'autres pays d'Afrique du Nord. Ensuite, nous pourrons nous enfoncer plus profondément dans le continent", a-t-il ainsi déclaré.
La priorité est l’exportation de produits de bases, tels le lait écrémé en poudre, dont 12.000 à 14.000 tonnes devraient être expédiées d’ici fin 2023, ou le lactosérum, a souligné le responsable. Des livraisons de fromages sont aussi prévues, mais dans une moindre mesure.
Au Moyen-Orient, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite sont aussi ciblés. Ce dernier pays pourrait même devenir un hub d’exportations, Ryad étant "très actif sur le continent africain", a ajouté Artem Belov.
Crème glacée et crise tunisienne
Certains produits laitiers russes sont d’ores et déjà partis à la conquête de l’Afrique et ont rencontré leur public. Les exportations de crèmes glacées russes ont notamment augmenté de 50% au cours des quatre dernières années, pour flirter avec les 600.000 tonnes vendues l’an dernier.
Les exportations russes peuvent en outre pallier les pénuries et crises laitières qui touchent fréquemment le continent. Le secteur tunisien avait notamment tiré la sonnette d’alarme fin 2022, affirmant que le stock national de lait ne dépassait pas les 15 jours de consommation.
Selon les prévisions, le déficit laitier en Afrique pourrait atteindre les 17 millions de tonnes d’ici 2030.