Comme un chien dans un jeu de quilles. La flambée soudaine de violence autour de la bande de Gaza semble avoir pris de cours l’administration Biden, qui ne sait plus sur quel pied danser au Moyen-Orient, a affirmé à Sputnik Michael Maloof, ancien analyste au Bureau du secrétaire US de la Défense.
Allié traditionnel d’Israël, Washington a évidemment apporté son soutien à Tel Aviv, repoussant notamment une récente résolution russe à l’Onu appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la région.
Dans le même temps, la Maison-Blanche tente maladroitement de convaincre Netanyahou de s’abstenir de lancer une opération terrestre à grande échelle dans la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien semble pour l’instant mener la danse mais doit aussi faire face à la pression de ses ministres qui ont l’Iran dans le viseur, explique Michael Maloof.
"Biden lui-même a dit qu'ils [les États-Unis, ndlr] s’en remettaient à Netanyahou. C'est lui qui est aux commandes. Même s'ils ne sont pas d'accord avec Netanyahou, ils ne peuvent rien y faire. Netanyahou va faire ses propres affaires. Il est dirigé par ses ministres qui veulent non seulement détruire le Hamas, mais commencer à bombarder l'Iran", explique ainsi l’ancien analyste du Pentagone.
La crise de Gaza semble donc être arrivée comme un coup de tonnerre pour Washington, qui se focalisait plutôt sur l’Ukraine et Taïwan ces derniers mois. "La région du Moyen-Orient est plus calme aujourd'hui qu'elle ne l'a été depuis deux décennies", avait même déclaré le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, le 29 septembre dernier, soit dix jours avant l’opération Déluge d'Al Aqsa lancée par le Hamas.
Brouille avec les pays arabes et possible escalade
Son soutien à Israël place en outre les États-Unis dans le collimateur des pays arabes, abîmant durablement leurs relations diplomatiques. Un coup d’arrêt alors que Washington souhaitait en particulier endiguer la montée des tensions avec l’Iran.
"Je pense que l'administration Biden improvise actuellement […] D'un côté, ils essaient de montrer leur engagement envers Israël. Mais de l’autre, ils considèrent que cela pourrait rompre complètement les relations américaines avec les pays arabes pour des années, peut-être des décennies. Ils marchent vraiment sur des œufs", affirme ainsi Michael Maloof.
La situation pourrait même déboucher sur une véritable explosion dans la région. Les rebelles Houthis du Yémen ont ainsi annoncé qu’ils avaient envoyé des drones et des missiles balistiques vers Israël, pour certains interceptés par le destroyer américain USS Carney. Le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, a pour sa part mis en garde contre un nouveau "conflit de la Croix et du Croissant", ce 28 octobre.
L’hypothèse d’une escalade du conflit autour d’Israël ne peut ainsi pas être écartée. Un scénario auquel Washington, qui alloue en urgence des fonds à Israël tout en mettant l’Ukraine en veilleuse, n’est pas préparé, affirme Michael Maloof.
"Il semble que nous pourrions être engagés dans une guerre sur 3 à 5 fronts si tout coïncide. Nous ne sommes tout simplement pas prêts pour cela", déclare ainsi l’ancien analyste de la Défense américaine.
Début octobre, Vladimir Poutine avait déjà souligné que l’embrasement autour de Gaza était symbolique de l’échec de la politique américaine dans la région. Le Président russe avait réaffirmé son soutien à la création d’un véritable État palestinien.